20 mai 2023

Les éditions Tana (Paris) regorgent de petites pépites et sortent régulièrement des nouveautés qui nous intéressent. Des auteurs peu connus nous emmènent sur des chemins inexplorés, vers les collines du Kerry qui exportent au Canada la connaissance des druides celtes (ouvrage de Diana Beresford-Kroeger, la voix des arbres).

Aujourd'hui  nous revenons en France et partons à la rencontre de Charlène Descollonges, jeune ingénieure hydrologue , cofondatrice de l'association   Pour une Hydrologie Régénérative qui vise à restaurer le cycle de l'eau à l'échelle des territoires pour améliorer leur résilience face aux sécheresses, aux inondations et à l'érosion. Elle est l'auteur d'un ouvrage illustré de nombreux graphiques qui donnent une idée du problème, et l'importance de l'action publique dans ce domaine vital :

Près de 3/4 de l'eau douce pompée en France alimente l'économique pour produire de l'énergie, des biens industriels et des produits alimentaires

Mégabassines : "une ici crée un déficit en eau ailleurs"

Le sujet est chaud. Le remède aux périodes de sécheresse affectant les cultures agro industrielles du Poitou ne fait pas l'unanimité, il est en particulier décrit par l'hydrologue Charlène Descollonges comme "une fuite en avant". Nous avons voulu l' interroger  au sujet de la "mega bassine naturelle" de Vendée , qui a fait l'objet d'un schéma d'aménagement et qui , si elle pompe dans une réserve déjà existante (un barrage), n'est pas tout à fait neutre. En effet , l'ingénieure précise :

Concernant la carrière vendéenne, les questions pertinentes sur  ce  schéma de gestion de l'eau  doivent intégrer la  la prise d'eau, les stockages et le tronçon d'acheminement, les besoins en eau pour l'agriculture et l'eau potable  :   j'ai cru comprendre que dans le fond et la forme, le projet intègre assez bien les enjeux biodiversité.  Si cette solution a émergé des acteurs du territoire, et qu'elle a sûrement fait l'objet de nombreuses études,je m'interroge toujours sur 2 points :
- les besoins en eau des milieux aquatiques sur l'éventuel troncon court circuité,
- et la gestion patrimoniale des 30km de réseau supplémentaire a gérer pendant au moins 50 ans.

Sécheresse presque partout

L'état des lieux en France n'est pas aussi grave que dans le sud de l'espagne, mais il suscite toutefois quelques inquiétudes : malgré les pluies récentes dans le nord du pays, 68% des nappes phréatiques restent encore à des niveaux insuffisants , nous révèle le dernier état des lieux du Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM),   organisme public chargé de surveiller le niveau des nappes, accompagnant son diagnostic d'un appel à la sobriété relayé par la FP2E, Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (Suez, Veolia, Saur, acteurs privés), qui lance le site public "Centre d'information sur l'eau"

Exposés au risque de manque d’eau, certains départements pourraient être confrontés à une situation pire que l'été dernier. Vingt d'entre eux sont déjà en restrictions d'usage de l'eau sur tout ou partie de leur territoire, dont cinq  au stade maximal de "crise" !  il a beaucoup plu ces dernières semaines, mais seulement sur une partie du territoire ! 26 départements sont en "risque très probable de sécheresse d'ici la fin de l'été", selon le gouvernement.  De plus cette pluie est arrivée trop tard pour  assurer pleinement la recharge des nappes qui s'effectue surtout durant l'hiver.

Des chiffres pour comprendre

La collection FAKE OR NOT publie des petits fasicules illustrés sur divers sujets, comme celui de Jérôme Cuny sur les transports que nous avions déjà vu. Cette fois ci, l'eau , les écosystèmes, la nappes phréatiques, la distribution, tout y passe, y compris les méga bassines dont on a fait tant de bruit. Les guerres de l'eau, que l'on craignait tant à l'époque comme premier symptôme d'un inéluctable réchauffement, sont donc désormais une réalité. Tandis que des sociétés privées comme Volvic pompent les nappes phréatiques, occasionnant des tensions comme dans de nombreux coins du monde, l'agriculture industrielle et notre mode de vie privilégié pourront-ils continuer à gaspiller ce bien précieux sur le long terme ?

Tant de questions sur lesquelles vous trouverez des éclaircissements dans cet ouvrage à paraître le 25 mai.