On trouve encore du pétrole : en 2006 c'est un gisement 6,5 milliards de barils, dont 2,2 récupérables, qui a été repéré sous le lac Albert en Ouganda. 15 ans après sa découverte, le projets d'exploitation se mettent en place, à grands frais : mais ce  n'est pas si simple, car outre les 400 puits de pétrole à creuser autour du  lac Albert dans un environnement naturel particulièrement sensible, il faut aussi construire un pipeline de 1400 km, le fameux et controversé projet d'Oléoduc de pétrole brut d’Afrique de l’Est (EACOP). Après plusieurs mois d'étude, un nouveau rapport publié par plusieurs ONG (Amis de la Terre, Observatoire des multinationales, Survie) nous entraine dans  un véritable roman d'espionnage, version bien ancrée dans la réalité puisqu'il touche directement la présidence de la république, ses liens avec les activités de Total en Afrique, plus particulièrement en Ouganda, pays où l'Ambassade semble jouer unb rôle particulièrement actif, malheureusement pas dans le sens que souhaiteraient les populations locales.

L'étude des Amis de la Terre ne date pas d'hier, en effet, il y a déjà un l'ONG publiait un premier rapport sur le sujet "Un cauchemar nommé Total" dénonçant particulièrement les violations des droits humain, le déplacement forcé de 100 000 personnes, le harcèlement des opposants, tout ça sous la coupe d'un régime autoritaire .

Ce nouveau rapport d'octobre 2021 met l'accent sur l'implication de l'état français dans ces activités malveillantes :

Arrivé par les armes il y a 35 ans, Yoweri Musevini a été réélu en début d’année 2021 dans un contexte de répression sanglante faisant plusieurs morts et disparus. Dans une lettre publiée par la présidence ougandaise ce printemps 2021, Macron félicite le président ougandais pour sa réélection et considère le projet d’oléoduc EACOP de Total comme une « opportunité majeure (…) pour étendre la coopération » entre les deux pays.

La France a également développé une coopération militaire avec l’Ouganda, malgré les exactions répétées de son armée. Aujourd’hui, ce sont les militaires ougandais formés par l’armée française qui sont déployés pour intimider et faire taire les opposants au projet pétrolier de Total.

Les services de renseignement français et l’appareil diplomatique sont directement impliqués dans la sécurisation des sites pétroliers de Total en Ouganda. L’ambassade de France aurait, selon nos informations, demandé un renforcement des forces de sécurité dans la zone pétrolière dès 2016-2017. Plusieurs programmes de coopération militaire ont été engagés en parallèle, comme la formation de troupes au sein de l’armée ougandaise et des formations à la langue française pour les militaires.

Total, dont le directeur de la Sûreté est l’ancien directeur général de la gendarmerie française,a également noué des relations directes avec la police militaire ougandaise, dont le rôle est crucial pour sécuriser la zone pétrolière face aux menaces extérieures éventuelles… et peut-être surtout face aux opposants au projet pétrolier ou aux membres des communautés qui ne veulent pas céder leurs terres.

Ce qui est particulièrement intéressant à noter dans cette affaire, ce sont les initiatives privées de désengagement de certaines institutions financières : Ouest France citait dès septembre 2021 la liste des 11 banques s'étant désengagées du projet. Un article intéressant puisqu'il aborde l'abondance de pétrole dans ces régions d'Afrique où de nombreuses populations sont encore privées d'électricité. Populations qui ont leur mot à dire comme, HILDA FLAVIA NAKABUYE, cette jeune militante Ougandaise qui dénonce les agissement de la compagnie pétrolière dans sa région natale.

Photo : Parc National Murchison Falls