21 avril 2009

La baisse des cours du baril de pétrole alimente les théories les plus folles : NewsWeek  titrait le 11 avril "Cheap oil for Ever : why prices will keep falling", qui se traduit littéralement en "du pétrole pas cher pour toujours : pourquoi les prix vont continuer à baisser". Ce qui aurait pu être interprété comme un "pun" (jeu de mot) résume en fait très sérieusement le fond de l'article qui nous explique sans rire que les prix de l'or noir sont destinés à baisser éternellement. Kjell Aleklett, professeur à l'université de Uppsala (Suède), président de l'Association ASPO, qui réunit des personnalités internationales autour du  phénomène prévisible de Peak Oil, s'est empressé d'y répondre en qualifiant son auteur "d'illusioniste".

Réalité qui dérange

Le message le plus important de cette réponse s'exprime dans cette réalité difficilement contournable : alors que la production d'acier s'est écroulée, la consommation de pétrole reste plutôt stable et ce rapport illustre  notre dépendance vis à vis du pétrole pour notre survie ... alimentaire. En effet, la production d'alimentation aujourd'hui est essentiellement basée sur la consommation de pétrole en des proportions complètement démultipliées : peu importe les chiffres (voir " [...] As individuals we need 2500 kcal of energy in food per day [...] "), il suffit de retenir que selon l'ASPO, l'humanité ne peut envisager sans grave rupture alimentaire une baisse de la production de pétrole. Or justement, une baisse de la production est inéluctable et parfaitement possible à partir de  2010, selon l'ASPO dont les prévisions ne sont pourtant pas aussi pessimistes que celles de Matthew Simmons, expert indépendant. Ces experts sont rejoints cette semaine dans leur inquiétude par un acteur clé de l'industrie, pourtant traditionnellement réticente à envisager une cessation d'activité à moyen terme : le site contrinfo traduit l'interview de Michel Mallet, PDG de Total Allemagne, interviewé par le magazine Allemand The Spiegel. Son diagnostic est intéressant : nous avons 20 ans de réserves, à condition d'économiser maintenant...