27 avril 2007
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La dangerosité des OGM ne tient pas qu'à leur toxicité sur les organismes, mise en évidence notamment dans un désormais célèbre reportage de CANAL+. L'impossibilité pour les paysans de prélever, gratuitement comme ils le font depuis des millénaires, les meilleures semences de leur récolte pour replanter, pose déjà, après quelques années d'exploitation, l'énorme question de la dépendance alimentaire des peuples : devrons nous, ad vitam, payer chaque année notre redevance au Grand Seigneur qui détient les brevets ? Tel est en tous cas le projet développé par les grands industriels du secteur des semences hybrides ou génétiquement modifiées, parmi lesquels les firmes américaines Monsanto et Dupont-Pioneer, qui se partagent le marché mondial.

Bonne nouvelle, les choses souhaitons le n'en resteront pas là. Certes, la firme Monsanto annonçait récemment un chiffre d'affaire en hausse constante, en raison essentiellement d'une croissance toujours plus forte de ses ventes de semences génétiquement modifiées, surtout de maïs. En témoigne cette dépêche Reuters du 3 avril : "Le spécialiste de l'agrochimie a fait état d'un bénéfice par action de 98 cents sur le trimestre clos le 28 février contre 80 cents un an auparavant. Le consensus de Reuters Knowledge donnait un BPA de 93 cents. Le bénéfice net a totalisé 543 millions de dollars contre 440 millions un an auparavant. Le chiffre d'affaires a augmenté de 19% à 2,6 milliards de dollars.En avant-Bourse, l'action gagne 1,8% à 57 dollars."

En France aussi, on nage en plein rêve de croissance : selon le quotidien Le Figaro, fervent adepte des petites graines de Monsanto, 500 À 1 000 HECTARES de maïs transgéniques étaient cultivés en 2005 en France, 5 000 hectares l'ont été en 2006 et les prévisions pour 2007 s'accordent sur une surface comprise entre 30 000 et 50 000 hectares : Une goutte d'eau à l'échelle mondiale alors que les cultures génétiquement modifiées progressent à un rythme de 10 à 15 millions d'hectares par an. (le seul maïs OGM autorisé est le Mon 810 de Monsanto).

Si les banques et investisseurs peuvent se réjouir de cette performance, les acteurs à l'autre bout de la chaine, c'est à dire en dessous, ne peuvent témoigner d'une telle euphorie : on se souvient du calvaire qu'a vécu en 1999 l'agriculteur Canadien Percy Schmeiser, chez qui les "contrôleurs" de Monsanto avaient trouvé des traces du maïs breveté par la firme. Niant la possibilité que ce maïs ait pu contaminer les champs du paysan grâce à des semences apportées par le vent, la firme a demandé le versement d'indemnités astronomiques. Devenu le symbole de la résistance à ces pratiques moyenageuse, Percy Shmeiser fait aujourd'hui le tour du monde pour raconter son histoire.

Et c'est justement, à l'autre bout du monde, en Inde, que le combat aujourd'hui se cristallise : en novembre dernier avaient lieu les premiers fauchages de plantations OGM. Plus récemment vient de sortir un nouveau documentaire, en anglais, intitulé Genetically Modified Organisms - unnatural selection. On y retrouve notamment l'activiste Vandana Shiva, qui déclarait récemment : "Le gouvernement [indien] s'est engagé dans une lutte sans merci contre les paysans pauvres ", notamment "par le biais des multinationales Monsanto, Cargill".

Sur tous les continents, c'est donc un enjeu capital qui se joue en ce début de 21e siècle : le contrôle de la production alimentaire. Nous avons le choix, répète Jean Ziegler, qui a collaboré au film We Feed The World.