23 janvier 2024

Serions nous revenus au Moyen-Âge ? D'un coté, on trouve les gouvernants, associés  à quelques patrons de coopératives et grands propriétaires terriens s'arrogeant   l'usage de la force et de l'autre, la majorité des paysans, la  plèbe, condamnée à enchaîner les astreintes, les heures, la solitude, pour  subir les aléas décisionnels de quelques privilégiés ? Force est de constater que la réaction des autorités face aux manifestations d'agriculteurs de janvier 2024 est très réservée . 2 poids, 2 mesures ?  Soutenues majoritairement par les lobbies industriels représentés par le syndicat majoritaire FNSEA, les manifestations de janvier 2024 sont l'expression d'un ras-le-bol global et sont   récupérées par une minorité qui porte sa voix directement au gouvernement. On peut rappeler que le dirigeant actuel de la FNSEA est un dirigeant de conglomérats industriels qui semblent bien loin de la réalité du terrain. Propriétaire de 700 hectares, maire de sa  commune, il a tout d'un seigneur local 

Revue de presse.

 Du Nord au Sud-Ouest, de la Bretagne à l’Alsace, les paroles recueillies par les reporters du « Monde » révèlent les mêmes maux : des revenus faibles pour un travail lourd et toujours plus complexe...

La militante Camille Etienne souligne à juste titre, sur BFMTV, la détresse et la colère d'un grand nombre de paysans, qui d'un coté sont l'objet d'une sanglante répression lorsqu'ils s'expriment contre les mégabassines, et qui de l'autre coté sont reçus et écoutés par le pouvoir parisien, comme par hasard   après l'explosion d'une bombe dans un local public à Carcassonne, attentat revendiqué par une organisation agricole, ou dès décembre pour alléger les règles sur les pesticides, dont la question est pourtant soulevée depuis plusieurs décennies dans un pays qui reste en proportion l'un des pires consommateurs d'Europe.

François Vignal, journaliste rédacteur du site publicsenat.fr, publiait hier un compte rendu de ses analyses sur les revenus des agriculteurs. Et Oh Surprise, la situation financière, à ce jour, n'est pas si catastrophique pour une grande partie des agriculteurs. Constat à modérer d'une part par les conditions de travail, et d'autre part par le fait que la plupart des agriculteurs, aujourd'hui, ne sont plus propriétaires de leur exploitation. Situation effectivement inquiétante quand on dépend de la terre pour son gagner sa vie.

Le problème viendrait plutôt de la paperasse administrative, là on peut effectivement comprendre que ça coince. Quand à la notion de progrès environnemental, il faut bien entendre ce que répètent les manifestants : ils n'en peuvent plus mais pointent surtout le danger de concurrence déloyale face aux pays moins regardants sur ces questions.

Augmentation des Inégalités : la régulation européenne est défaillante

et c'est là qu'intervient notre ami Fañch Rufin, qui propose tout simplement ni plus ni moins de mettre en place des instruments de régulation : prix plancher, quotas d'importation,  l'exception agriculturelle à savoir fermer les frontières agricoles et privilégier réellement les agriculteurs français, tout comme ce fut le cas avec l'exception culturelle qui a permis de maintenir à flot le cinéma français. ET l'autre sujet du jour, ce sont bien évidemment les inégalités qui touchent, comme partout, la profession. Dans un article qui date déjà de 2021, Le site Bastamag rapellait à juste titre les différences de rénumération entre agriculteurs et dirigeants de coopérative. Chez Triskalia par exemple, et autres brigands du même acabit, les salaires dans les sphères dirigeantes ses comptent en dizaines de milliers d'euros, par mois bien sûr.

 

Inégalités qui alimentent le diagnostic posé par Karima Delli, eurodéputée Les Verts :

Les agriculteurs dénoncent leur incapacité à vivre dignement de leur travail, eux qui font face à la hausse de leur coût de production conjuguée à la baisse constante des prix de vente des produits agricoles dans un contexte de concurrence mondialisée. Alors que l’extrême droite et le Gouvernement s’imaginent les grands défenseurs du monde paysan, la Politique Agricole Commune (PAC) et les traités de libre-échange qu’ils ont soutenus à l’Union Européenne sont les fossoyeurs de notre agriculture française.  Nous connaissons les causes du déclin de l’agriculture française et européenne. 

1- La PAC mise en place par le Gouvernement et soutenue par la FNSEA maintient les agriculteurs dans la précarité. Alors qu’un agriculteur français sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, 80% des subventions européennes bénéficient aux 20% des exploitations les plus grosses, et 3% des exploitants touchent 20% des aides.

2- Les traités de libre-échange votés au niveau européen ont achevé de condamner l’agriculture française. Pendant cette mandature, un accord sur la Nouvelle-Zélande, premier producteur de lait mondial, a été adopté. Un accord UE-Mercosur, contenant des quotas d’importations de produits agricoles libres de douane, est passé. De toute évidence, nos coûts de production ne valent pas les leurs.

3- Les marges opérées par la grande distribution croissent quand celles des producteurs décroissent. C’est autant le problème des charges des exploitants que celui du prix d’achat imposé par la grande distribution, qui se gave sur le dos des paysans. Quelle réponse apporter au monde paysan : stop ou encore ?

Dénoncer l’imposture et les imposteurs :

“Je veux surtout dénoncer les responsables de cette situation. Il n’y a pas pire injustice que de voir parader ces imposteurs, de droite et d’extrême droite, ces fossoyeurs de l’agriculture paysanne alors qu’ils votent depuis des décennies contre leurs intérêts. L'extrême-droite devrait être accueillie par des œufs parce que tous leurs votes creusent la tombe des agriculteurs à Bruxelles.” a déclaré ce jour Karima Delli, eurodéputée écologiste.