7 août 2007

plage-coucher-soleil.jpgNous avions déjà abordé le sujet en méditerranée, à la Seyne Sur Mer : nous nous penchons aujourd'hui sur un retour d'experience plus ancienne, à Monaco. En effet, depuis quatre décennies, la principauté utilise la mer Méditerranée  comme source d'énergie inépuisable : un système de pompe à chaleur équipe la plupart des bâtiments du bordant son littoral.

Sur le quai Antoine-1er, tous les immeubles sont alimentés par ce système. Rien ne transparaît. Pas de ventilation, pas de condenseurs. Seul un local de 120 m2, situé en sous-sol, accueille tuyaux et réseaux électriques. Relié à la baie, le système pompe l'eau de mer en permanence et permet de chauffer les 60 000 m2 de locaux, bureaux et restaurants. Quinze autres structures positionnées sur le littoral sont dotées du même principe de "pompe à chaleur". Résultat : des bâtiments chauffés en énergie propre (ou climatisés selon les saisons) en divisant la facture par trois.

Une politique de longue haleine

Ces pompes à chaleur fournissent 74% de la production d'énergie totale de la Principauté. Et ce, depuis une quarantaine d'années. En effet, dès 1960, l'auditorium Rainier 3 profitera de cette technique, à l'époque innovante. Aujourd'hui, les constructions du littoral monégasque en sont souvent dotées. Maud Gamerdinger, directrice du service de l'environnement, de l'urbanisme et de la construction (DEUC), explique les raisons d'un tel engouement : "Pour mettre en place ce dispositif, il est nécessaire d'avoir une réflexion en amont. La principauté a toujours été attirée par les innovations technologiques et soucieuse de la préservation du monde marin".

Nous explorons toutes les ressources qui s'offre à nous

La Principauté vit sur 2 km2, la proximité est forte. Très vite, les lois d'urbanisme ont interdit la présence de condenseurs sur les toits". Ici, vous ne verrez pas de système de ventilation ou de tuyau entacher la vue", explique Philippes Nuhnes, fondateur du bureau d'étude Ingetec et concepteur, entre autres, de l'installation sur le quai Antoine-1er. Le service dela DEUC, lui, ne s'arrête pas là et explore toutes les ressources qui s'offrent à lui : "Nous sommes en bord de mer, c'est donc ce qui est venu en premier lieu, mais nous travaillons aussi sur d'autres énergies gratuites et inépuisables comme l'air, la terre", rappelle André Véglia, chef de division de la DEUC.

La pompe à chaleur fonctionne comme un réfrigérateur à l'envers

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Le système de pompe à chaleur est constitué entre autres d'un échangeur de fluide qui circule dans la pompe. Ce liquide froid va absorber toute la chaleur d'un environnement plus chaud que lui dans un échangeur et va se transformer en vapeur froide. Cette chaleur sera ensuite compressée. C'est là qu'intervient l'échangeur qui concentre cette chaleur en augmentant la pression de la vapeur. Cette vapeur chaude atteignant 50 degrés, se condense en liquide et va transmettre sa chaleur dans l'air de la maison grâce à un deuxième échangeur. Ce liquide, poussé par la haute pression, traverse un détendeur. Sa pression chute et on retrouve alors un liquide froid à basse pression : le cycle peut commencer. A Monaco, elle puise la chaleur dans l'eau de mer pour la restituer à l'intérieur d'un bâtiment : "Même si l'eau est à six degrés, c'est toujours six degrés au dessus de zéro. c'est donc de la chaleur", explique Philippe Nuhnes. En gros, pour un kW d'énergie électrique consommé, le dispositif restitue trois à quatre kW de chaleur (en comparaison, un chauffage électrique ou gaz a un rapport dépense un et donne un). Une bonne partie du chauffage peut donc être assuré par une énergie gratuite, renouvelable et non-polluante. Le résultat n'est pas négligeable : 60% d'économie sur la facture. Autre avantage, le système est réversible et se transforme en climatisation. Sur 1 million de megawatt d'énergie dépensée en 2005, la principauté en produit 20% et grâce aux pompes à chaleur, 15% de l'énergie produite a été récupérée. "Ce système se développe en France sur le long terme, la consommation d'électricité sera diminuée et exit les nouvelles centrales nucléaires", conclut Philippe Nuhnes.

Article de Guy Alexandre Goussin