23 octobre 2006
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Marc Bazalgette, ingénieur en bâtiment, a construit sa maison selon les critères les plus stricts en matière d'énergies renouvelables : Outre un « puit canadien », destiné à assurer une climatisation naturelle et réversible, cette villa de Peymeinade, dans les Alpes-Maritimes, dispose d'une grande surface de capteurs solaires thermiques assurant la production d'eau chaude sanitaire et chauffage.

N’était un plan incliné de panneaux solaires le long d’un appentis, la villa ne se distinguerait pas de ses voisines. Edifiée en 2005 dans un quartier résidentiel et habitée depuis mars dernier, la demeure fait pourtant appel aux dernières techniques en matière d’énergies renouvelables. Construite dans un matériau autant respirant qu’isolant, la brique monomur, assure sa fonction d'isolation an grande partie grâce à sa puissante inertie thermique : cette brique de terre cuite dispose d'une capacité d' accumuler la chaleur pendant douze heures, et de la restituer ensuite sur une durée de même ordre. L’hiver, cette brique, grâce à ses multiples alvéoles, limite la fuite de la chaleur. De par sa conception, cette construction ne nécessite pas d’autres matériaux isolants.

La maison dispose de capteurs solaires géothermiques, dont la couleur noire et le vitrage retiennent la chaleur. L’eau chauffée est drainée dans de petits canaux pour être acheminé vers une chaudière centrale. Seize mètres carrés de ces panneaux solaires assurent 80% des besoins en eau chaude sanitaire de cette villa et 60 % du chauffage.

Point marquant dans une région chaude l'été : la maison est équipée possède un puits canadien (ou puits provençal), assurant un courant d' air frais : « pas plus de 27 degrés à l’intérieur, quand la température en atteignait 35 », affirme son propriétaire, à défaut d’une « véritable climatisation ». Ce puits se présente sous la forme de deux tuyaux acheminés, ici, à 2 mètres 50 sous terre (entre deux et trois mètres pour être efficace). L’air chaud extérieur véhiculé sous terre, ressort rafraîchis à l’intérieur. L’hiver, l’air froid est réchauffé, tempéré par la profondeur du puits ; On relève ainsi 14 degrés à l’intérieur quand il fait 0° à l’extérieur. De plus, un plancher chauffant permet de bien répartir la chaleur dans toute la demeure.

Maison bioclimatique

D’autres apports "gratuits" sont réalisés selon des critères bioclimatiques : avancée de la toiture d’un mètre, multiplication des stores aux fenêtres, orientation de la baie vitrée plein Sud où est situé la pièce principale pour capter le maximum d’ensoleillement; Conception des pièces secondaires au Nord et à l’Ouest.

Plus d’atouts que de faiblesses

Le propriétaire, Marc Bazalgette, n’a rien d’un doux rêveur. Ce cadre de 58 ans travaille à Sophia Antipolis au centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) qui teste et agrée les différents matériaux. Il a expérimenté les solutions avant de les transposer à domicile. « Je tenais, explique-t’il, à apporter ma pierre à la lutte contre le réchauffement climatique et à anticiper la fin de l’ère du pétrole. ». Bien sûr, il espère réaliser des économies de fonctionnement et mise sur un meilleur confort de vie. Le surcoût total atteint 23000 euros, en réalité 6000 euros, soustraction effectuée des aides et déductions fiscales, amortissables en moins de 10 ans. Ce qui représente  un surcoût réel de 10 % par rapport à une maison classique.

Promise au succès, la maison « écolo » n’aurait-elle que des atouts ? Pour abaisser son coût, elle doit parfois recourir à du matériel bas de gamme, facteur de pannes et de désenchantement du propriétaire. Considérés souvent comme peu esthétiques, les panneaux solaires peinent à s’intégrer sur le toit ou sur un autre support. Certaines mairies s’opposent ainsi à des installations trop voyantes, arguant d’une non- conformité au plan d’urbanisme ou de la proximité avec un monument historique.

Ultime contrainte : il faut avancer les fonds, régler la totalité de la facture avant de bénéficier trois mois plus tard de aides du conseil général, puis l’année suivante des déductions fiscales. Le conseil général subventionne les matériaux de géthermie à hauteur de 50 % sous la forme de crédit d’impôt, plafonné à 7500 euros.

Bricolage et système D

A ces différentes contraintes, appelées à s’estomper, s’ajoute parfois l’absence d’installateur, voir de matériel adapté. Faute de spécialiste en puits canadiens, Marc Bazalgette a dû recourir au système D : « J’ai creusé moi-même le mien » ; Il l’a équipé d’extracteurs, conçus pour d’autres fonctions et montés à l’envers dans la villa pour capter l’air extérieur.