17 mars 2008

PARIS, 17 mars 2008 (AFP). Le Conseil d'Etat se prononcera mardi soir sur la suspension de l'arrêté interdisant la culture du maïs OGM MON810 en 2008, demandée par les producteurs français de maïs et les semenciers, a indiqué lundi Jean-Marc Delarue, juge en référé auprès de cette institution.

"Au vu de la complexité du dossier, j'ai besoin de temps. Je rendrai mon ordonnance demain (mardi) dans la soirée", a-t-il déclaré.

Il s'est exprimé au terme d'une audience de trois heures au cours de laquelle les avocats des producteurs et semenciers d'un côté et les représentants du ministère de l'Agriculture de l'autre ont fait entendre leurs positions.

Plusieurs semenciers et producteurs de maïs ont déposé le 20 février des recours au Conseil d'Etat contre des arrêtés d'interdiction de la culture du maïs transgénique MON810 en 2008 pris par le ministère de l'Agriculture début février, invoquant le "principe de précaution".

Parmi les neuf plaignants figurent l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM), le groupe agrochimique Monsanto, le semencier Pioneer ainsi que la coopérative Limagrain et le syndicat des établissements de semences de maïs (Seproma).

Les avocats des producteurs et semenciers ont mis en avant lundi "les préjudices financiers importants causés par une suspension".

Leur montant "est évalué à 10 millions d'euros, et non à 3 millions comme évoqué par le ministère de l'Agriculture. Si le Conseil d'Etat ne suspend pas ces arrêtés dans les jours qui viennent, la campagne est perdue", a fait valoir lundi Me Louis Boré, avocat de l'AGPM.

Remettant en question les conclusions du début janvier de la Haute autorité sur les OGM, Me Boré a affirmé qu'"aucun risque scientifique nouveau" de la culture du MON810 n'avait été établi.

La Haute autorité avait relevé début janvier des risques de "dissémination à longue distance, sur plusieurs dizaines, voire centaines de km", ainsi que des "effets constatés sur la flore et la faune", notamment sur le lombric et les micro organismes.

Marie-Françoise Guilhemsans, directrice des affaires juridiques au ministère de l'Agriculture, a de son côté minimisé le risque d'une suspension pour les agriculteurs, rappelant que la culture du maïs OGM ne représentait qu'entre 1,5% et 3% de la production totale de maïs en France.

"La Haute Autorité a travaillé rapidement mais sérieusement. Même si les risques sont mineurs, ils montrent que quelque chose ne va pas", a-t-elle dit.

Jean-Marc Delarue a ensuite interrogé Mme Guilhemsans, en particulier sur les raisons qui ont poussé le ministère à adopter le "principe de précaution".

"Les chiffres ne disent rien sur l'étendu du préjudice sur le chiffre d'affaires des semenciers" et des producteurs, a-t-il en outre ajouté, après avoir longuement interrogé leurs avocats sur ce sujet.

Selon l'AGPM, s'il n'y avait pas eu d'interdiction cette année, 100.000 hectares auraient été semés en OGM contre 22.000 en 2007, 5.000 en 2006 et 500 en 2005.