15 janvier 2013

Pour donner suite à notre lecture   de l'ouvrage de Bénédicte Manier, nous parlons aujourd'hui de Rajendra Singh, dont l'action est racontée dans le premier chapitre de "Un million de révolutions tranquilles". 

C'est au milieu des années 80 que Rajendra Singh, jeune volontaire de l'ONG Tarun Bharat Sangh dont il est aujourd'hui président, découvre  le district d'Alwar près de Jaipur dans le Rajasthan, et l'état alarmant de la santé des enfants dans les villages, à cause de la malnutrition, conséquence de la sécheresse. C'est auprès d'un ancien du village qu'il apprend l'existence, autrefois, des johads, bassins en terre qui servaient à retenir l'eau de ruissellement pour qu'elle s'infiltre dans le sol au lieu de s'écouler et s'évaporer.

Mis en place dès le XIIIe siècle, ces bassins ont été jugés insalubres à partir de l'époque de la colonisation, et abandonnés. L'action de Rajendra Singh consista tout simplement à reconstruire d'abord, de ses propres bras et à la pioche, l'un de ses bassins, puis ensuite de fédérer des groupes de villageois pour en reconstruire d'autres. 

Et la résilience du savoir vernaculaire a fait son effet : la région est aujourd'hui verdoyante, et l'action est à l'origine de la renaissance de plusieurs rivières, et bien évidemment la vie locale est transformée, l'agriculture vivrière s'est remise en route et la malnutrition a disparu. Les villageois, organisés de manière informelle et ayant appris à gérer la resources par réunions mensuelles, ont même appris à se défendre contre les fonctionnaires de l'administration : apprenant que la rivière venait de se remettre à couleur, ces derniers se sont pointés pour prélever des taxes. Ils n'ont provoqué que ricanements et aujourd'hui la pêche dans ses rivières reste libre de droits.

Johad dans le village de Thathawata - photo wikipedia
Johad dans le village de Thathawata - photo wikipedia

 

Voir aussi : FLOW, documentaire de Irena Salina