2 mars 2012

Admettons que la Bretagne ait besoin de nouveaux moyens de production de l'électricité : ca fait un bout de temps déjà qu'avec la promotion du chauffage électrique, les hivers bretons sont tendus en matière d'approvisionnement, même si, on l'a vu , la modération paie. Admettons que le recours aux énergies fossiles soit une solution facile à court terme. Mais pourquoi faut il donc toujours miser sur le court  terme ?  En annonçant, depuis Paris sans se déplacer sur place, la mise en route du projet de centrale à gaz de Landivisiau à l'horizon 2016, Eric Besson, ministre de l'industrie, a provoqué une salve de réactions plutôt perplexes, voire hostiles. La plus percutante vient de Christian Troadec, maire de Carhaix, dont voici le communiqué 

 

Landivisiau et la Bretagne vont accueillir une centrale à gaz au moment même où l’Ecosse annonce qu’elle s’est fixé un objectif de 100 % d’énergie renouvelable d’ici à 2020. Le ¨Premier Ministre écossais, Alex Salmond, ambitionne en effet de faire de son pays l’atelier mondial de la haute technologie en créant 130 000 emplois dans ce secteur. Oui, 130 000 emplois ! « Cet objectif favorisera la réindustrialisation de l’Ecosse à une grande échelle, a-t-il déclaré. De la même manière que nos chantiers navals étaient l’atelier du monde à la fin du 19ème siècle, la révolution de l’énergie verte nous donne l’opportunité de devenir l’atelier mondial de la haute technologie du 21ème siècle ».

Pendant ce temps, en Bretagne on va créer 30 emplois liés aux énergies fossiles à Landivisiau et c’est tout notre pays, comparable à  l’Ecosse en terme d’habitants (4 millions contre 5 millions),  qui va encore prendre 30 ans de retard en ne s’engageant pas avec plus de détermination et d’ambition dans les énergies renouvelables. Désolant, désespérant même aussi bien écologiquement qu’économiquement.

La centrale de Landivisiau en quelques chiffres

Porté par le consortium Direct Energie/Siemens, le projet a été approuvé en nov 2011 par le conseil municipal de Landivisiau, pour une implantation sur une surface de 11ha en bordure la voie express, sur la zone du Vern. Georges Tigréat, le maire, évoquait alors  une « diversification des recettes économiques pour sa commune ». Cette centrale de 450 MW, d'un coût de 400 millions d'euros, s’inscrit dans le Pacte électrique breton . Sa construction devrait générer entre 400 et 800 emplois , et son fonctionnement garantirait une quarantaine de personnes sur site.

Les collectifs d'opposition s'organisent

l'association «Landivisiau doit dire non à la centrale» et le collectif Gaspare organisent une réunion d'information, ce soir, à 20h30, à Landivisiau (espacedesCapucins). Demain matin, toujours à Landivisiau, une marche citoyenne de protestation partira à 10h, de la place Jeanne-d'Arc. Plusieurs autres collectifs et partis politiques appellent à manifester leur rejet de cette centrale à l'occasion de ces deux rendez-vous. C'est le cas, notamment, de «Brennilis doit dire non à la centrale ici et ailleurs», d'Europe Ecologie-Les Verts ou encore de l'UDB. À noter, enfin, qu'à l'occasion de la visite de Laurent Fabius, hier après-midi à Saint-Thégonnec et à... Landivisiau, une délégation d'opposants a été reçue quelques minutes par l'ancien Premier ministre socialiste. «Il s'est montré à notre écoute et s'est dit indigné qu'il n'y ait pas eu de débat public sur ce sujet», indique Louis Pouliquen, porte-parole de l'association landivisienne.

Lire : Le refus des élus locaus de la centrale au gaz de  Ploufragan (Côtes d'armor)

Sources :