21 juin 2010

La fonte des glaciers, un des nombreux symptômes du réchauffement climatique, est un phénomène global qui devient de plus en plus problématique.  Dans le but de freiner la fonte des glaces et peut-être récupérer les glaciers de la Cordillère des Andes, un scientifique péruvien avait lancé l’idée il y a quelques mois de peindre en blanc les parties sombres du glacier où la glace ne se forme plus.  Le projet a débuté et plusieurs hectares de montagne ont déjà été « blanchis » à Chalon Sombrero, Ayacucho, depuis le mois de mars dernier.

C’est Eduardo Gold, un scientifique péruvien autodidacte et fondateur de l’ONG « Glaciers du Pérou », qui est à l’origine de ce projet.  L’idée est simple : en fondant, les glaciers laissent la roche à nu ou brunissent à mesure que la glace disparaît, ce qui a pour effet d’augmenter l’albédo.  En effet, plus une surface est claire ou blanche, plus elle a la capacité de réfléchir la lumière solaire incidente.  Une surface sombre absorbe plus de chaleur et augmente la température ambiante, ce qui fait fondre la glace et empêche les glaciers de se renouveler.  En blanchissant les sommets, Eduardo Gold espère donc augmenter l’albédo dans les parties les plus sombres autour du glacier pour faire baisser la température et de ce fait recréer artificiellement les conditions optimales pour la régénération des glaciers Andins.  La « peinture » utilisée pour blanchir est en fait à base de chaux (sans composants chimiques), la même que celle utilisée par les populations locales pour l’entretien des bâtiments.

Pour les communautés andines, les glaciers constituent une source essentielle d’eau pour la consommation courante et pour l’irrigation des terres et leur disparition menace donc l’écosystème en place.  Au cours des 30 dernières années, le Pérou aurait perdu 27% de ses glaciers et la fonte s’accélère d’année en année.

Cette initiative est pour l’instant subventionnée (à hauteur de $200,000) par la Banque Mondiale.  En effet, Eduardo Gold est l’un des 26 lauréats du concours annuel « 100 idées pour sauver la planète » organisé par la Banque Mondiale et qui récompense et subventionne des projets environnementaux innovants.  L’adaptation au climat était le thème du concours en 2009.

Ce projet est également un exemple de « geo-ingénierie », c'est-à-dire la manipulation délibérée du climat terrestre pour tenter de contrecarrer les effets du réchauffement climatique.  Si des voix s’élèvent pour critiquer ce projet pharaonique et farfelu, d’autres comme Steven Chu, le secrétaire à l’énergie américain depuis Janvier 2009 et prix Nobel de physique, ont émis une idée similaire en suggérant de peindre en couleurs claires ou en blanc les toits des bâtiments dans les villes du monde entier pour réfléchir la lumière solaire et atténuer le réchauffement climatique.  Reste à voir si le blanchiment des glaciers produit les effets escomptés.

photo: source bbc news