Alors que le concept des fermes verticales n’est pas nouveau et que plusieurs projets assez complexes sont à l’étude, cela semble être la première fois qu’une entreprise privée se lance dans la commercialisation à grande échelle de légumes cultivés dans des tours. Productivité accrue, occupation de la surface au sol réduite, circuit de distribution court, les fermes verticales urbaines seraient-elles également capables de « nourrir le monde » ?
Inaugurée fin Octobre 2012 à Singapour, la ferme verticale installée par la société Sky Greens se compose de 120 tours en aluminium d’une hauteur de 9 mètres. Chaque tour comprend 38 étages dans lesquels sont plantés trois variétés de salades, et la culture d’autres légumes est envisagée dans un futur proche. Pour une permettre un ensoleillement maximal, c’est un système de poulies hydrauliques qui effectue la rotation des bacs pendant la journée. L’irrigation et le fonctionnement du mécanisme de rotation des bacs sont assurés par un système de récupération de l’eau de pluie. La structure est pour l’instant capable de produire une demi-tonne de légumes quotidiennement, et Sky Greens prévoit d’atteindre un rendement de 2 tonnes par jour en 2013 grâce à 180 tours supplémentaires…si les investisseurs sont au rendez-vous. Selon Channel News Asia, même si les légumes sont SGD $0.10 à 0.20 (6 à 12 centimes d’euro) plus chers que les produits importés, leur fraîcheur est garantie et les premières livraisons sont en rupture de stock.
Singapour semble être le candidat idéal pour la mise en place de ce type de projet. Puissance économique notable en Asie du sud-est, cette petite enclave hyper-urbanisée de ne s’étend que sur une surface de 700km² pour une population de 5 millions d’habitants, ce qui positionne le territoire en troisième position des pays les plus denses au monde, après Macau et la Principauté de Monaco. La pénurie de surfaces agricoles place donc le pays en situation de dépendance alimentaire constante. En effet, 93% des légumes consommés à Singapour doivent être importés, principalement d’Indonésie ou de Malaisie. C’est dans l’espoir de réduire sensiblement cette dépendance que le pays commence à tester cette méthode d’agriculture verticale.
C’est vraiment depuis la fin des années 1990 que le concept des fermes verticales commence à être formulé plus concrètement, notamment sous l’impulsion de Dickson Despommier, Professeur à l’Université Columbia de New York. Ce dernier élabore un modèle de gratte-ciels transformés en fermes durables comme solution à l’explosion démographique et à l’urbanisation galopante, un processus qu’il documente dans son livre « The Vertical Farm : Feeding the World in the 21st century » (non traduit) publié en 2010. Si l’idée en elle-même est très simple (pallier le manque de surface cultivable en l’augmentant à l’horizontale), son exécution reste problématique en raisons des coûts projetés exorbitants.
En France, on peut rappeler l’existence des tours de jardinage en étages déjà mentionnées dans Ecolopop. Commercialisées par la société Courtirey, les tours de jardinage modulables (pour une culture hors-sol en terre) intéressent déjà le milieu associatif, les maraîchers professionnels, les agronomes des pays émergents et les ONGs. On peut également signaler plusieurs projets en cours émanant de l’agence parisienne SOA Architectes dont entre autres « La Tour Vivante » à Rennes (ferme verticale, logements et bureaux – à l’étude depuis 2005), « La Ferme Musicale » à Bordeaux (centre culturel et ferme verticale) ainsi que plusieurs études de fermes urbaines. Le projet de « La Ferme sur les toits » à Romainville (exploitation agricole sur les toits d’une habitation) inclut d’ailleurs des éléments des tours de jardinage en étages de la société Courtirey. Il y a fort à parier que les fermes urbaines et les fermes verticales vont bientôt faire partie du paysage.
Source: inhabitat et Channel News Asia
Je suis un chaud partisan des serres maraîchères sur les toits mais étagées dans la mesure du possible comme celle réalisées à Singapour afin de récupérer la surface de terre arable supprimée par l'emprise de l'immeuble au sol.
L'étalement des villes par des zones pavillonnaires ne me parait pas viable dans le long terme car elles font disparaître de grandes surfaces de terres agricoles.
Aux architectes de rendre ces immeubles beaux, agréables à vivre et à économie d'énergie positive !