9 octobre 2012

Arte s’apprête à diffuser « Les Moissons du Futur » le mardi 16 Octobre prochain à 16h55 et 20h50.  Après « Le Monde Selon Monsanto » (2008) consacré à la multinationale américaine qui domine le secteur des OGM et « Notre Poison Quotidien » (2011) consacré aux conséquences de l’utilisation de produits « phytosanitaires » et d’additifs chimiques sur notre santé, « Les Moissons du Futur » est le troisième volet de l’enquête sur les enjeux de l’agriculture du 21e siècle que poursuit la journaliste d’investigation Marie-Monique Robin.

 

Bande annonce "Les Moissons du Futur" from M2R Films on Vimeo.

Comme le rappelle Marie-Monique Robin dans son blog, le postulat de départ du documentaire est ce constat sans appel : « promu sans relâche depuis un demi-siècle, le modèle agroindustriel n’est pas parvenu à  nourrir le monde ».  Néanmoins, c’est cette même politique (la « révolution verte ») que l’on continue à mettre en place dans les pays émergents, alors que son impact socio-économique et environnemental à travers le monde est plus que nuancé (exode rural des petits exploitants, appauvrissement des sols, rejets de gaz à effet de serre, réchauffement climatique, résistance accrue aux pesticides des plantes et insectes considérés comme nuisibles, contamination des nappes phréatiques,  etc.) Le développement de variétés à haut rendement selon un modèle de monoculture, la subvention à l’utilisation d’intrants et produits phytosanitaires, la mécanisation intensive, la culture des OGM végétaux sont elles vraiment les seules solutions pour « nourrir le monde » ?

C’est un rapport officiel des Nations Unies présenté par Olivier de Schutter (le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le Droit à l’Alimentation – et successeur de Jean Ziegler) en Mars 2011 à Genève qui sert de base à l’enquête de la journaliste.  Intitulé « Agroécologie et droit à l’alimentation », le rapport insiste sur la nécessité pour l’agriculture mondiale de retourner à un modèle de développement agricole durable qui garantit une nourriture disponible pour tous, qui rémunère convenablement les agriculteurs quelle que soit la taille de leur exploitation et qui fait un usage raisonnable des ressources naturelles disponibles. 

L’agroécologie comme modèle de développement durable peut prendre différentes formes locales selon les types de cultures, le terrain, le climat et les traditions en place. « Les Moissons du Futur » s’appuie donc sur les témoignages de scientifiques et experts de par le monde et examine quelques techniques agroécologiques déjà en place dans plusieurs pays (Mexique, Malawi, Kenya, Sénégal, Allemagne, Japon entre autres).  Selon les cas, la réduction voire l'élimination du labour, le semis direct, l’utilisation d’engrais verts, la mise en place de la polyculture (ou cultures associées) sur des exploitations plus petites permettent de rétablir naturellement la qualité des sols et d’assurer des rendements équivalents à ceux de l’agriculture dite conventionnelle.  L’agroécologie offre surtout la possibilité du rétablissement à long terme de la biodiversité et de l’équilibre des écosystèmes locaux.  Un tel modèle implique bien sur un changement de cap des politiques agricoles.  Le principe du libre échange des denrées alimentaires soumis aux cours mondiaux des produits agricoles est-il  le seul système capable d’assurer la souveraineté alimentaire de chaque pays ?  Une certaine dose de protectionnisme ne serait-elle pas parfois nécessaire pour soutenir les petits exploitants et revaloriser la relation producteur/consommateur suivant un modèle de distribution en circuit court ?

Publication le 11 Octobre 2012 aux éditions Arte/La Découverte

Comment nourrir neuf milliards d’êtres humains à l’horizon 2050 reste donc le point d’interrogation central des "Moissons du Futur".  L’agroécologie et la réduction du gaspillage alimentaire font certainement partie d’une solution globale.

Diffusion le mardi 16 Octobre prochain à 16h55 et 20h50 sur Arte.

Voir aussi en complément: cinq étapes du tour du monde.