18 mars 2010

Robert Eden, vigneron bio en Languedoc Roussillon, pousse un ras le bol, joyeux et positif, contre le label bio.Et pourtan, en bio il s'y connait : Aucun adjuvant, aucun pesticide, des percherons pour le labour, des tracteurs (là où les chevaux ne peuvent passer) avec des systèmes récupérant les éventuelles fuites d’huiles pour qu’elles ne souillent pas les sols… Jusqu’au bâtiment qui est entièrement végétal : une cave construite en blocs isochanvre (brique de chanvre et en chaux), qui consomme du co2 (voir les vidéos). Fort de son expérience en  culture biodynamique du vin, il peste contre la concurrence déloyale de l'agriculture conventionnelle. Selon lui, un label devrait être appliqué à ceux qui utilisent des pesticides et non l’inverse. Explications...

Le bio, une philosophie : le bio n’est pas une démarche qui s’arrête au produit. C’est avant tout une philosophie, le fait de considérer que l’homme dépend de ce qu’il consomme et de la manière dont il produit. Le respect de l’environnement, des sols, des animaux, des plantes, et de l’énergie vitale est essentiel. C’est ce que Robert Eden pratique dans son exploitation du Languedoc, Château Maris.

Attention au label bio!
Robert Eden souligne en outre  l’effet pervers du label bio, mettant en exergue 3 points.
1. Le label bio ne prend pas en compte l’ensemble de la démarche.
En effet, il s’arrête au produit final lui-même et non à l’environnement plus général. Que dire ainsi des raisins bio, en barquette plastique, que l’on trouve dans les supermarchés français et qui arrivent par avion du Chili ?
2. Le label bio peut induire le consommateur en erreur.
Ce dernier peut être perturbé ; il peut avoir l’impression de payer plus cher, il peut avoir des doutes sur la qualité du produit, pour un label, dont il ne maîtrise pas les contours. La qualité gustative est-elle la même ? Et par ailleurs, nombreux sont les vignerons qui produisent dans le respect de la vie et qui ne font pas les démarches d’homologation, longues et compliquées.
3. Le bio est l’arbre qui cache la forêt.
Et c’est là le cœur du discours de Robert Eden. « Le label bio est une étape, qui amène producteurs et consommateurs vers une recherche de produits sains. Mais ce n’est qu’une étape. Le bio ne devrait pas être un label, mais une norme. La logique voudrait que les producteurs qui utilisent des adjuvants chimiques l’indiquent sur leurs vins. Ce n’est pas le label « bio » qu’il faut mettre en avant, mais le label « non naturel », afin d’informer le consommateur. Mes collègues et moi-même qui travaillons dans le respect du vivant ne devrions pas avoir à nous justifier. Le vin est avant tout un plaisir, il doit le rester, et nous ne devons pas amener le consommateur à avoir une approche trop technocratique de sa consommation. Indiquons-lui ce qui est mauvais pour sa santé, cela suffira. Pour le reste, son goût, ses envie, son plaisir, sauront faire la différence ».

Un label pour les « pollueurs »
Et si l’on inversait la tendance ? Et s’il y avait un label appliqué à ceux qui utilisent des pesticides ?
Car on ne dit pas toujours ce qu’il y a derrière des produits non bio. Pourtant il faut dénoncer tout le mal que certains agriculteurs font à nos terres au lieu de mettre en avant le bien que la culture bio peut faire. Pour cela, il faudrait que le label bio soit la norme et que les « pollueurs » soient labellisés. Les consommateurs seraient ainsi informés des produits non respectueux de l’environnement.

A propos de Robert Eden et de Château Maris
Château Maris est un domaine entièrement bio. Robert Eden est allé au bout de sa démarche, et a créé un vin 100% en ligne avec ses convictions. Mais c’est un vin qui sait séduire : son Old Vine Syrah 2006 a obtenu la note de 18/20 chez Jancis Robinson en août dernier, faisant de ce vin le vin bio du Sud de la France le mieux noté. Château Maris est labellisé avec 3 organismes de certification : Ecocert, Biodyvin et Demeter, (organisme de certification pour la biodynamie)

http://www.mariswine.com/fr/accueil