L'acteur américain Leonardo Di Caprio faisait déjà parler de lui, dès décembre dernier, en travaillant à la production de "11 hour", un documentaire sur l'état de la planète et les solutions pour restaurer les écosystèmes en danger. Pour le début de l'année 2007, il a orienté sa carrière dans le même esprit, en choisissant de tourner dans un film qui met en évidence le lient étroit qu'entretient l'industrie opaque du diamant et les groupes armés qui sans arrêt tiennent l'Afrique au bord d'une guerre civile généralisée. Vous aviez aimé Syriana (industrie du pétrole), ou Lord of War (commerce des armes), vous aimerez Blood Diamond, un film de Edward Zwick. Le scénario, encore une fois, fait se rencontrer deux mondes, par le biais de l'association entre le mercenaire occidental Danny Archer (Leonardo Di Caprio) et le pêcheur Solomon Vandy (Djimon Hounsou). Tous deux sont engagés dans une course au diamant dans un territoire rebelle du Sierra Leone. Le film a été tourné au Mozambique et en Afrique du Sud.
Témoin de l'impact prévisible de ce film qui sort juste avant les fêtes de noël, la polémique est née. Le président du World Diamond Council a ainsi déclaré que " le thème des diamants de conflit n’est plus d’actualité depuis 2003. Il faut dénoncer les mythes véhiculés par ce film, qui portent atteinte à la nature de notre industrie ". La multinaltionale De Beers, a même consacré 8 millions de dollars pour participer au financement d’une campagne publicitaire dénigrant le film. Il est vrai que depuis l’an 2000, le Processus de Kimberley, initié par l'ONU, regroupe producteurs et importateurs et ONG avec l'objectif de réguler et assainir le marché. Mais de nombreux commentateurs s'accordent à dénoncer l'inefficacité du processus de Kimberley.
Les acteurs s'associent à la détresse des Bushmen
La sortie du film a en effet coincidé avec la parution d'une campagne internationale visant à révéler au monde la tragédie des Bushmen. L'ONG Survival International a ainsi publié dans le magazine Vanity Fair un message sans amibiguité :
"Le gouvernement du Botswana a violemment expulsé les Bushmen gana et gwi de leur territoire dans le Kalahari central où la compagnie De Beers mène des prospections diamantifères. Les Bushmen appellent au boycott des diamants De Beers et botswanais tant qu'ils ne seront pas autorisés à retourner sur leur territoire.
Les acteurs Colin Firth et Julie Christie ont d'ores et déjà manifesté leur soutien aux Bushmen. Julie Christie a déclaré aujourd'hui : "En tant que source de misère et de souffrance, les diamants n'appartiennent pas au passé. L'expulsion des Bushmen du Botswana est la preuve évidente que les populations locales souffrent encore à cause de ces pierres".
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd'hui : "Les Gana et les Gwi sont menacés d'extinction totale en tant que peuple, non pas à cause de la guerre mais parce qu'ils sont spoliés de leur territoire. Il est terrifiant de penser que cela puisse encore arriver au XXIe siècle. C'est pour cette raison que les diamants du Botswana sont de plus en plus considérés comme 'les diamants du conflit' ".
Les Bushmen expulsés de leur réserve du Kalahari se sont organisés en ONG pour atteindre leur but : retrouver leurs terres ancestrales. Le site internet qui détaille leur combat est sans ambiguïte : I WANT TO GO HOME.