20 août 2006

jean-recyclage-s.jpgJacques Pélissard, député UMP du Jura et président de l'Association des maires de France (AMF), prépare sa rentrée parlementaire. Il évoque, dans un rapport remis le 26 juillet au ministre délégué au Budget Jean-François Copé, la mise en place de la "Taxe Emmaüs", qui serait d'un montant ridicule : un centime d'euro pour tout vêtement neuf acheté. Cette mesure permettrait, selon lui, de sauver la filière du recyclage textile, qui implique surtout des associations caritatives comme Emmaüs, ou les communes.

"En décembre, le gouvernement avait préféré repousser l'adoption de cette contribution pour prendre le temps de la concertation, souligne Jacques Pélissard. Nous avons donc réuni les acteurs de la filière. Et nous sommes parvenus à un accord." Une proposition de loi sera déposée à l'Assemblée nationale à la rentrée.

La répartition du produit de cette taxe profitera avant tout aux associations caritatives et aux entreprises privées spécialistes du recyclage des vêtements. La filière traverse en effet une crise sans précédent. "La qualité ayant énormément baissé ces dernières années, nous sommes obligés d'envoyer 25% des habits à la décharge, explique Philippe La Forge,, vice-président d'Emmaüs France, la plus emblématique de ces structures, cité par le journal le Figaro. Or nous ne pouvons plus assumer une facture d'incinération de plus en plus lourde". Pour les collectivités locales, le coût est également très élevé. 600 000 tonnes de textile sont mises sur le marché chaque année – dont une grande part finit dans les décharges.

Le principe n'est pas nouveau : il s'agit de faire payer le recyclage des déchets par les producteurs et/ou les distributeurs, comme c'est déjà le cas pour financer le recyclage des emballages, des pneus, des vieilles voitures ou des ordinateurs. Les organismes de collecte seraient tenus de travailler en collaboration avec les collectivités locales. "Comme pour les ordinateurs, l'objectif est de miser sur une responsabilité élargie des fabricants : ils devront compter l'élimination du tissu dans le prix de vente", note Jacques Pélissard. La taxe devrait rapporter à terme 20 à 25 millions d'euros, selon les estimations du président de l'Association des maires de France. Les récupérateurs de vêtements, qui seront dûment agréés, s'engageront en contrepartie à revaloriser 70% du textile et à développer la collecte.

D'après Yves Jégo, auteur du premier amendement, "quelque 3 000 emplois seront sauvés grâce à la taxe et 3 000 autres créés dans les années qui viennent". Le député UMP de Seine-et-Marne, qui soutient depuis des mois la création d'une "taxe Emmaüs", doit rencontrer Jean-François Copé le 28 août prochain.