28 avril 2006

Atteindre l'autonomie énergétique est le pari d'une communauté de communes rurales du centre-Bretagne qui va produire de l'huile de colza d'ici la fin de l'année et concrétiser en 2007 un projet de méthanisation actuellement sans équivalent en France.

 

Une soixantaine d'agriculteurs ont déjà adhéré à la Cuma (Coopérative d'utilisation de matériel agricole) Menergol qui va acquérir la presse à colza, un investissement de 400 à 450 000 euros, couvert pour moitié par les collectivités.

« Cette année, on espère avoir 200 à 300 000 litres d'huile mais l'objectif à terme est d'arriver à 1,5 million de litres par an. C'est un projet à la dimension d'un canton », commente Pierre-Marie Launay, président de la Cuma.

Au total, environ 10% des terres de cette communauté de communes de 6.200 habitants seront consacrées au colza. « Il y a la place dans chaque canton pour une huilerie comme ça », souligne M. Launay, lui-même agriculteur.

Un kilo de colza donne 0,4 l d'huile. Le reste, ce qu'on appelle le tourteau de colza, sera utilisé pour l'alimentation des bovins.

« Le colza a une valeur protéinique et énergétique qui remplace avantageusement les tourteaux de soja », importés principalement des Etats-Unis ou du Brésil et de plus en plus difficiles à trouver exempts d'OGM, relève le maire de Saint-Gouéno, Jacky Aignel, éleveur de bovins.

« Pas de déchets, pas de solvants, pas de produits chimiques »: après adaptation des véhicules, l'huile sera utilisable directement pour les tracteurs et autre matériel agricole, résume M. Launay.

Le prix de revient d'un litre d'huile de colza est évalué à 0,40 euro, contre plus de 0,60 euro pour le fuel, en constante augmentation. Or « cette pression économique devient angoissante et primordiale pour les exploitants agricoles », relève M. Aignel.

Lancé en 1999, le projet d'une usine de méthanisation, qui produira du gaz à partir de lisier -un problème majeur pour les exploitations hors sol- et de boues industrielles et urbaines, devrait aussi voir le jour courant 2007.

Il s'agira d'une première car tous les projets de méthanisation dans la région ont jusqu'à présent échoué face au barrage des opposants, inquiets des nuisances.

La mairie de Saint-Gouéno a également entériné un projet de chauffage au bois: dès février 2007, 11 logements situés dans le bourg en bénéficieront, avant la salle de fête.

Trois sites ont également été retenus pour l'implantation de 17 éoliennes et d'autres pistes sont à l'étude. Avec une constante: ces énergies alternatives doivent être compétitives.

Outre la réduction des coûts, il s'agit, pour M. Aignel, également vice-président de la communauté de communes, de maintenir l'emploi agricole et la santé économique de la région où prévaut la « mono industrie » de l'agro-alimentaire -l'unique usine emploie 2 000 salariés-. Tout en créant de nouveaux emplois.

A terme, le territoire, usine comprise, « pourrait complètement devenir autonome » en énergie, assure M. Théry.

Pour le maire, ces initiatives ont déjà un effet positif: « le monde agricole a besoin de projets. Il faut redonner un peu d'espoir à un milieu qui en a vraiment besoin ».

 

Source : le Bulletin des Agriculteurs