14 novembre 2011

 

Il y a quelques mois, l'on pouvait découvrir sur Arte les paroles "éclairées" de Fatih Birol, économiste en chef à l'Agence Internationale de l'Energie, qui publie tous les ans le World Energy Outlook, référence mondiale en matière d'analyse sur l'évolution des marchés de l'énergie. Il y  a peine 6 mois donc, le discours officiel de cet organisme dont les publications alimentent tous les services de presse  de la planète, influencent les dirigeants des grands pays, était encore quelque ambigu : 

"tous ceux qui imaginent que d'ici quelques décennies toute notre énergie sera renouvelable sont loin d'être des réalistes."

Sorties de leur contexte, ces phrases donnent évidemment un mauvais aperçu de la ligne officielle  de l'Agence, qui dès 2009, accordait déjà un crédit limité aux théories du PEAK OIL, annonçant la décroissance prochaine de la disponibilité en combustibles fossiles à l'horizon 2020. Si aujourd'hui l'on peut encore douter de l'impact de la décroissance du débit des champs pétroliers de la planète sur l'économie réelle, l'AIE nous rappelle quelques difficiles vérités : si la pression sur les prix s'atténue pendant la crise économique, conséquence de la baisse de la demande, il faudra de sérieux investissements dans les régions productrices pour satisfaire la demande incompressible en combustible de transport pour les pays en voie de développement, en pleine croissance de leur coté. Et c'est là que la position de l'AIE prend une tournure inédite. C'est une première, l'organisme officiel qui s'adresse aux dirigeants de la planète occidentale  nous met en garde, par la voix de son directeur Maria van der Hoeven, d'une hausse des  émissions de CO2 :

Sans un changement radical de politique, la planète pourrait s'enfermer dans un système énergétique peu sécurisé, peu efficace, et producteur de carbone. Croissance, prospérité, et augmentation de la population pousseront inévitablement les besoins énergétiques vers le haut. Mais nous ne pouvons pas continuer à dépendre de sources d'énergie non sécurisées et non durables. Les gouvernements doivent introduire des politiques d'incitation à l'utilisation de sources d'énergie peu émettrices de carbone. L'accident nucléaire de Fukushima, les remous en Afrique du Nord et Moyen Orient, combinés à un large rebond de la demande énergétique, ont multiplié les émissions de CO2 en 2010 et mettent en évidence l'urgence et l'échelle des problématiques.

Production : il faut trouver 1500 milliards de dollars par an d'ici 2035

Le monde va devoir dépenser chaque année 1.500 milliards de dollars -soit presque la totalité de la dette de la France- pour faire face au bond de la demande en énergie d'ici 2035, a averti mardi l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), qui s'inquiète notamment pour l'Afrique et le Moyen-Orient. Cumulé jusqu'en 2035, le chiffre mondial atteint la somme vertigineuse de 38.000 milliards de dollars d'investissements, soit plus de 27.500 milliards d'euros et près de 15% de plus que la précédente estimation de l'agence .

"C'est énorme : Les coûts de production augmentent dans de nombreuses parties du monde et il devient de plus en plus difficile d'extraire l'énergie, c'est pour cela que nos chiffres augmentent substantiellement : Si nous ne trouvons pas cet argent, la production n'augmentera pas autant qu'elle doit le faire, avec pour résultat des prix bien supérieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui",

a averti l'économiste turc de l'AIE, qui dépend de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).