CHICAGO (Etats-Unis), 16 fév 2009 (AFP). Des contaminations alimentaires comme celle du lait frelaté à la mélamine en Chine sont susceptibles de se reproduire et les autorités de régulation sanitaire ne peuvent pas grand chose contre cela, ont estimé lundi des experts américains.
"Nous ne pouvons pas tout inspecter", a affirmé Steve Solomon, directeur régional adjoint de l'Agence américaine de réglementation de l'alimentation (FDA).
Il participait avec d'autres experts à une rencontre à Chicago (Illinois, nord) de l'Association américaine pour l'avancée de la science (American Association for the Advancement of Science).
"Nous devons nous concentrer sur les risques les plus importants", a-t-il assuré, ajoutant: "Je reste éveillé la nuit en me demandant avec inquiétude à quoi ressemblera la prochaine +mélamine+".
L'affaire du lait frelaté en Chine qui a éclaté en septembre a fait six petites victimes alors que 300.000 nourrissons ou jeunes enfants ont été rendus malades par ce lait trafiqué pour simuler un bon apport en protéines.
Pour les experts réunis à Chicago, il existe de nombreuses manières pour un produit nocif de parvenir jusqu'à la chaîne alimentaire et les contrôles ne sont pas suffisants.
La contrefaçon dans l'industrie alimentaires mondiale est un problème majeur, alors qu'on évalue à environ 50 milliards de dollars par an le montant des fraudes dans ce domaine, a expliqué John Spink du Food Safety Policy Center de l'Université de l'Etat du Michigan (nord).
Alors qu'une partie de ces produits contrefaits n'a pas de conséquences sur la santé --comme indiquer qu'un produit est issu de l'agriculture biologique alors qu'il ne l'est pas--, la contrefaçon est très dangereuse, selon l'expert.
Lorsque des compléments alimentaires sont dilués avec de l'eau, "les bébés meurent de faim alors que leurs ventres sont remplis de lait", a dit John Spink.
Même si une surveillance accrue et une meilleure réglementation sont nécessaires dans des pays comme la Chine, l'intoxication alimentaire qui a récemment fait neuf morts aux Etats-Unis à la suite de la commercialisation de lots de pâte d'arachide contaminée montre que même les meilleurs systèmes ne parviennent pas empêcher ces crises, a estimé M. Spink.
Un des problèmes au niveau de la sécurité alimentaire est notamment qu'une seule livraison de sirop de maïs à haute teneur en fructose peut par exemple se retrouver dans deux millions de canettes de sodas, ont souligné les experts.
Sur les 10 millions de cargaisons de produits alimentaires importées aux Etats-Unis chaque année, soit environ 15% des produits alimentaires du pays, seul 1% est contrôlé et 0,3% subit des tests.
