5 février 2009

OTTAWA, 5 fév 2009 (AFP). Les mesures du gouvernement canadien pour lutter contre le changement climatique ne donnent pas les résultats escomptés car celui-ci n'en assure pas le suivi, a dénoncé jeudi un haut fonctionnaire chargé d'évaluer les politiques environnementales du Canada.

"Le gouvernement ne peut prouver que l'argent qu'il consacre à certains programmes environnementaux importants donne les résultats visés", écrit le commissaire à l'environnement et au développement durable, Scott Vaughan dans un rapport présenté jeudi.

Le gouvernement conservateur canadien est régulièrement accusé par l'opposition et les écologistes de ne pas en faire assez en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Le fonctionnaire indépendant, qui dépend du parlement, dénonce en particulier deux programmes mis en place par le gouvernemental de Stephen Harper: un fonds devant financer la réduction des gaz à effet de serre (GES) et des crédits d'impôt devant encourager les Canadiens à emprunter les transports en commun.

Pour atteindre son objectif de réduction des GES de 50% en 2050, par rapport au niveau de 2007, Ottawa a prévu une enveloppe de 1,5 milliards de dollars (1,2 milliards USD) visant à réduire de 16 mégatonnes les GES émis chaque année, entre 2008 et 2012.

Or, note M. Vaughan, aucun outil n'a été mis en place pour contrôler les résultats obtenus et la façon dont l'argent a été dépensé.

"Le gouvernement du Canada ne fait pas en sorte que ses outils pour contrôler les émissions nocives soient efficaces", poursuit-il.

Il ajoute que les analyses utilisées par Ottawa afin de calculer les cibles de réductions comportent des "lacunes" et se fondent sur des "hypothèses erronées".

Par ailleurs, M. Vaughan juge "décevantes" les réductions de GES résultant des crédits d'impôt devant encourager l'utilisation des transports en commun. En 2006, lors de l'adoption de la loi créant ce programme, les conservateurs avaient alloué 635 millions de dollars, ciblant des réductions de 220.000 tonnes de GES entre 2008 et 2012. Mais en 2008 ces objectifs ont été abaissés à 35.000 tonnes.

Si bien que "le crédit d'impôt aura une incidence négligeable sur les émissions de gaz à effet de serre au Canada", écrit M. Vaughan.

Ce rapport a été accueilli favorablement par le gouvernement conservateur, le ministre de l'environnement Jim Prentice déclarant qu'Ottawa allait suivre les recommandations faites en matière de GES.

"Il est déplorable que les Canadiens aient eu l'impression que le gouvernement fédéral agissait de manière significative face au réchauffement climatique, alors qu'en réalité le Canada était, et demeure, médiocre", a dit pour sa part Matthew Bramley, directeur de l'Institut Pembina, une ONG écologiste.