3 février 2009

PARIS, 3 fév 2009 (AFP). L'organisation Greenpeace, qui s'était particulièrement mobilisée en 2006 pour le retour du Clemenceau, s'est inquiétée mardi des capacités du chantier britannique à dépolluer proprement l'ex-porte-avions.

"Quand on voit que ce chantier a décroché le contrat pour un dixième du prix proposé par trois autres prétendants sérieux, dont un français, ça sent le roussi", a estimé Pascal Hustings, directeur de Greenpeace France.

"Est-il réellement en mesure de prendre toutes les précautions nécessaires à cette phase particulièrement délicate du désamiantage?", a-t-il déclaré mardi soir à l'AFP en soulignant "partager les interrogations des associations brestoises et britanniques".

"Il est vrai que cette fois, ce départ s'effectue sans aucune illégalité puisque la Convention de Bâle sur le transport de déchets toxiques n'est pas violée. Mais on pouvait espérer que le ministère de la Défense ne répète pas les mêmes erreurs et que le droit européen, très strict en matière de désamiantage, soit strictement respecté", a-t-il ajouté.

Pour Yannick Jadot - tête de liste Europe-Ecologie dans le Grand ouest pour les européennes - "ce départ suscite plus de questions qu'il n'apporte de réponses".

"L'Etat français se débarrasse à moindre coût de son plus célèbre déchet", estime cet ancien directeur des campagnes de Greenpeace France qui avait mené le combat pour le retour du Clemenceau en 2006, alors en route pour l'Inde.

M. Jadot se demande également comment "le chantier Able UK a gagné le marché pour 4,7 M d'euros quand les autres prétendants sérieux demandaient dix fois plus".

"Pour mémoire, ajoute-t-il, retirer 70 t d'amiante à Toulon avait coûté près de 4 M d'euros".

L'Etat français avance le chiffre de 45 t d'amiante à bord, mais les associations estiment qu'il en reste plus de 800.

Le Clemenceau, devenu la "coque Q790" a quitté Brest mardi matin pour être remorqué jusqu'au chantier Able UK, à Hartlepool (nord-est de l'Angleterre), où il sera démantelé.

Greenpeace et Yannick Jadot, interrogés par l'AFP, déplorent de la même façon qu'après un temps de "concertation et de transparence", le ministère de la Défense soit "retombé dans des pratiques d'opacité totale", souligne M. Hustings.