4 juin 2008

LONDRES, 4 juin 2008 (AFP). Avec une offre d'hydrocarbures qui plafonne, seuls des prix très élevés feront baisser la demande dans les pays occidentaux, a affirmé mercredi l'analyste vedette Arjun Murti, lors d'une conférence organisée à Londres par la banque Goldman Sachs.

"Nous persistons à penser, depuis 2004, que dans un environnement où la capacité de production excédentaire est limitée, et un monde où l'offre a du mal à progresser, le prix devront continuer d'augmenter pour rationner la demande", a rappelé Arjun Murti.

Analyste confirmé de la banque américaine Goldman Sachs, Arjun Murti s'est attiré la célébrité pour avoir prédit le premier, dès avril 2005, un baril à 100 dollars, alors que les prix évoluaient alors sous les 60 dollars.

Il a nouveau fait sensation début mai en tablant sur l'atteinte du seuil de 200 dollars d'ici six mois à deux ans.

"Si l'on ne peut porter la croissance de la production au niveau de la croissance de la demande, alors il faut abaisser le taux de croissance de la demande", a-t-il expliqué.

"En l'absence de politiques proactives agissant sur la demande, le seul mécanisme pouvant faire baisser la demande sont les prix", a-t-il ajouté.

Après avoir dépassé pour la première fois 135 dollars le 22 mai, les prix du pétrole se sont repliés autour de 125 dollars. Pour Arjun Murti, il ne s'agit que d'un répit.

"La question est : jusqu'à quel niveau les prix devront-ils monter pour que la croissance de la demande passe de 1,5 ou 2% par an à 0,5 ou 1% par an, qui est le taux de croissance de la production?", s'interroge-t-il.

Se démarquant des théoriciens du "pic pétrolier" - qui prévoient un déclin accéléré des réserves d'hydrocarbures, Arjun Murti table sur une production d'or noir stagnante.

Tandis que les fournisseurs traditionnels comme le Mexique, les Etats-Unis et la Norvège voient leurs gisements décliner, l'offre se concentre dans un nombre restreint de régions, a-t-il rappelé.

Des cinq pays qui recèlent d'abondantes réserves d'or noir, "aucun, à l'exception peut-être de l'Arabie saoudite, n'est sur la voie d'augmenter sa production", estime Arjun Murti.

La Russie, l'Iran, l'Irak et le Venezuela ne possèdent pas la volonté ou l'environnement favorable.

Quant à l'Arabie saoudite, "elle ne peut à elle seule satisfaire la croissance mondiale de la demande que le monde réclame", estime Arjun Murti.

De plus, le royaume wahhabite "se demande lui-même jusqu'à quel point il peut accroître son offre", qui n'a encore jamais dépassé 9,8 mbj.

L'offre plafonnant, "la réponse devra venir de la demande, les pays de l'OCDE devant être les premiers à en faire les frais, surtout les Etats-Unis et dans une moindre mesure l'Europe et le Japon", souligne-t-il.

Dans les deux foyers principaux que sont la Chine et les pays du Moyen-Orient, la demande devrait en revanche continuer à croître à un rythme soutenu.

Pour Arjun Mufti, la hausse des prix du pétrole n'a pas que des inconvénients: elle va dans le sens d'une réduction des gaz à effet de serre et encourage le développement de technologies permettant d'améliorer l'efficacité énergétique.