11 mars 2008

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 Le principe est vieux comme la révolution industrielle : faites chauffer de l'eau, envoyez la vapeur dans les turbines, transformez l'énergie créée par la pression en éléctricité, distribuez, le tour est joué. Reste le principal, à savoir la source primaire d'énergie. Il y eut, au cours des 2 siècles qui viennent de s'écouler, le charbon, puis le pétrole (et son pote le gaz). Pour ce dernier, c'est bientôt terminé à grande échelle, étudiez pour vous en convaincre la courbe sans cesse croissante des cours du baril à New York (on atteindra probablement la barre symbolique des 110$ d'ici la fin de la journée). Le charbon, encore disponible à grande échelle, pose de sacrés problèmes de pollution. Reste le nucléaire : propre, efficace, il souffre aussi d'inconvénients mineurs, selon ses promoteurs qui malheureusement ont tendance à sous estimer une myriade de paramètres inquiétants. Déchets, prolifération, délais de construction, l'utilisation de l'énergie de fission nucléaire ne peut se faire sans de grosses infrastructures, ce qui nécéssite un état puissant et centralisateur : c'est le cas en France. Mais toutes ces conditions nécéssaires pour l'installation d'une centrale ne sont jamais annonciatrices de grands progrès écologiques. Alors, on est perdus ? Pas le moins du monde.

L'énergie solaire, source de tous nos bonheurs depuis les 4.5 milliards d'années que vit la terre, a encore un peu de chemin à faire avant de reconquérir notre bonne vieille planète gangrénisée par une espèce soudainement dotée de tous les pouvoirs. L'énergie solaire, source de toutes les autres énergies, est certes peu efficace en comparaison d'un bon vieux baril de pétrole, transportable, malléable, transformable, à l'infini : on oublie trop souvent que la chimie du pétrole est directement héritée de la décomposition et transformation, à l'échelle géologique,  de matières organiques issues de la photosynthèse. Ce sont donc plusieurs centaines de millions d'années d'un lent travail de production d'énergie, transformation compression, stockage et extraction que nous brûlons désormais à grande échelle.

Mais puisqu'il faut parler de rendement, laissons les chiffres s'exprimer. A l'heure actuelle, de nombreux investisseurs, communautés, et entreprises n'ont plus le choix : c'est le solaire, ou rien. Las Vegas, ville absurde posée en plein désert, sans resources ni eau, commence à se poser des questions sur un avenir largement compromis. Sauf...  depuis que la centrale Nevada Solar One est entrée en production, délivrant chaque jour une puissance phénoménale, rien qu'avec la chaleur du soleil transmise à un fluide alimentant des turbines : 3 de ces gigantesques  champs solaires pourraient fournir, sous le soleil, une production équivalent celle d'un réacteur nucléaire. La différence ? Une centrale solaire thermique  utilise des technologies peu dangereuses, et s'installe en quelques années à faible cout. La technique appliqué à Boulder City, à quelques lieues de Las Vegas, est bien connue depuis les années 70 et connait aujourd'hui un regain d'activité fulgurant. Du Maroc à l'Espagne en passant par l'Egypte, 20 projets sont à l'étude et aboutiront d'ici un an ou deux, bien avant que ne soit accepté la construction du prochain réacteur nucléaire en France, pourtant championne en la matière !

Avec la technologie du solaire thermique, affirme Matthew Wald dans le New York Times, les déserts nord-américains pourraient alimenter l'ensemble des USA en électricité. Le seul problème qui reste à résoudre est celui de la transmission de l'électricité sur de longues distances : puisque  nous avons su le résoudre lorsque s'installaient les 50 réacteurs nucléaires français, peut on encore douter qu'un simple problème de transmission ne soit facilement transposable à d'autres sources de production ? L'énergie produite par une centrale solaire thermique coute de 15 à 20 cts $ le KWH, contre 7 c$ sur une centrale au charbon handicappée de pénalités carbone.

Il reste encore un peu de travail avant de pouvoir convaincre les décideurs, trop souvent spécialistes des calculs à court terme : si le boom du solaire se confirme, nul doute que les la boucle sera fermée et la planète pourra retrouver un point d'équilibre entre l'exploitation du potentiel solaire immédiat et le stockage à long terme d'énergie primaire.

Crédit Photo : Isaac Brekken - The New York Times