9 mars 2008

VANCOUVER (Canada), 9 mars 2008 (AFP). La production croissante d'éthanol à partir du maïs aux Etats-Unis menace l'écosystème du Golfe du Mexique, en y créant une "zone morte" qui s'agrandit, avertit une étude canado-américaine rendue publique lundi.

L'intensification prévue de la production américaine d'éthanol constituerait "un désastre pour le Golfe du Mexique", prédit Simon Donner, de l'université de Colombie-Britannique, co-auteur avec Chris Kucharik de l'université du Wisconsin de cette étude publiée sur le site des Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS).

En effet, note-t-il, en se déversant dans les cours d'eau sous forme de nitrates, les engrais azotés utilisés dans la culture de maïs favorisent le développement d'algues dont la décomposition absorbe l'oxygène dissous dans l'eau.

Les engrais utilisés dans des Etats comme l'Illinois (nord), l'Iowa (centre), le Nebraska (centre) ou le Wisconsin (nord), constituent la première cause de pollution du fleuve Mississipi et de ses affluents, qui se jettent dans le Golfe du Mexique.

Chaque été, le déversement de nitrates crée dans le Golfe du Mexique une "zone morte", étendue d'eau dépourvue d'oxygène, observée pour la première fois il y a une trentaine d'années, et atteignant aujourd'hui quelque 20.000 km2.

Ce phénomène d'eutrophisation rend l'eau impropre à la vie aquatique. "Les organismes des fonds marins qui ne peuvent pas bouger vont probablement mourir, tandis que les poissons vont s'enfuir", explique M. Donner à l'AFP.

Cette situation affecte aussi la pêche, mais cette activité "n'a pas la même valeur économique que la production de maïs" pour les Etats-Unis, regrette-t-il.

L'étude, basée sur des modèles informatiques, conclut que si les Etats-Unis respectent leur plan en matière de production d'éthanol, la pollution azotée qui affecte le Mississipi et son affluent, la rivière Atchafalaya, augmentera de 34%.

En 2007, le président George W. Bush avait fixé un objectif de production annuelle 1.300 milliards de litres d'éthanol, carburant "vert" sur lequel son pays compte pour réduire sa dépendance pétrolière, d'ici 2017. Et le Sénat américain a annoncé un plan pour une production encore plus intensive d'ici 2022.

Les Etats-Unis comptent déjà plus de 140 raffineries produisant quelque 19 milliards de litres d'éthanol par an.