20 décembre 2007

Pour une fois, on ne pourra pas (officiellement)  mettre en cause les grandes compagnies pétrolières dans un déni continu de l'objectivité scientifique. Car c'est un fait : ces temps-ci,  la France est bien représentée, dans le camps des négationnistes du réchauffement d'origine provoqué par les activités humaines. La thèse du GIEC, approuvée par son cortège de plusieurs centaines de climatologues et scientifiques de tous pays, est sans arrêt dénoncée, par les lobbies du pétrole d'une part, mais aussi par une bande de très émérites scientifiques français, tous proches de Claude Allègre, célèbre pour ses prises de positions ambigues, et pour les erreurs criantes qui vont avec. Nous l'admettons une fois de plus, c'est  difficile à croire : plus que jamais la Terre est RONDE !! Cette semaine, le site REALCLIMATE, qui a pour ambition de mettre à disposition du public des éléments sérieux de discussion scientifique sur le sujet, fait la une des médias pour son démontage rigoureux des arguments négationnistes  accompagnant une publication de  Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël, proches de Claude Allègre. La cause est trop grave pour être abordée sous l'angle de la supercherie : OUI,  il est nécéssaire de poursuivre, indépendamment du GIEC et inévitables mesures politico-civilisationnelles qui s'imposent, le débat sur le réchauffement climatique et la part de l'homme dans cet évènement rapide et irréversible. Mais ce débat sur le long terme doit se poursuivre sans ces escrocs dont on ignore les motivations réelles. Extraits.

Au menu, par REAL CLIMATE : je-men-foutisme et ignorange

"Dans un article intitulé "Are there connections between the Earth's magnetic field and climate?" publié récemment dans le journal Earth and Planetary Science Letters, Courtillot et ses co-auteurs tentent de jeter le doute sur la responsabilité principale du CO2 dans le changement climatique récent (et probablement futur); avançant au contraire que les fluctuations du champ magnétique terrestre (en partie dues à la variabilité solaire) jouent un rôle important et négligé. Comme la plupart des travaux du genre, celui-ci est construit sur un vide intellectuel –comme si tout ce que nous savions déjà en physique du climat devait être mis au rebut pour une idée nouvelle (et en fait pas si nouvelle). Mais les problèmes ne s'arrêtent pas là. Avec l'aide d'un Commentaire publié par Bard et Delaygue (disponible ici dans EPSLici comme fichier PDF), nous exposerons un ensemble d'erreurs suspectes et d'omissions qui remplissent le papier de Courtillot. Je-m'en-foutisme et ignorance, est l'interprétation de loin la plus ou charitable que l'on puisse apporter à cet ensemble." [...]   "la plupart des corrélations sur lesquelles reposent les pauvres cas de Courtillot et al. sont en fait bidons"

Commentaires, dans la presse française (Libération, Le Monde)

Le Monde :  Les "climato-sceptiques" français n'en sont pas à leurs premières erreurs. Au cours d'un débat organisé par l'Académie des sciences en mars, Jean-Louis Le Mouël avait déjà affirmé que la variation de l'éclairement du Soleil était du même ordre (en W/m2) que l'effet du CO2 dans le bilan énergétique de l'atmosphère terrestre. Cette affirmation était fondée sur deux erreurs. D'abord sur la confusion entre la surface d'un disque et celle d'une sphère (Le Monde du 15 mars). Ensuite sur l'oubli du fait que la Terre réfléchit une part du rayonnement qu'elle reçoit. L'assertion de M. Le Mouël aurait ainsi été recevable si la Terre était un disque plat, noir, présentant toujours la même face au Soleil...

La virulence de la polémique actuelle est à la mesure de l'envergure de M. Courtillot. Proche et fidèle de Claude Allègre, scientifique de renommée mondiale dans sa discipline, personnalité influente, il est non seulement directeur de l'IPGP, mais aussi président du conseil scientifique de la Ville de Paris, professeur d'université, membre de l'Académie des sciences. Il a aussi, dans le passé, exercé les fonctions de conseiller spécial de M. Allègre lorsque celui-ci était ministre de l'éducation. Avant d'en être le directeur de la recherche, c'est-à-dire d'être en mesure de peser sur les enveloppes budgétaires des laboratoires publics. "Souffrant", M. Courtillot n'était pas en mesure, mardi 18 décembre, de réagir à ces informations.

Libération :  "Déjà, les deux scientifiques s’étaient ridiculisés lors d’une séance de l’Académie des sciences (1) lorsqu’Edouard Bard, professeur au Collège de France, chaire «Evolution du climat et de l’océan», avait démontré que leur calcul de l’effet climatique des variations du Soleil oubliait que la Terre est… ronde, en la supposant plate et noire de surcroît !

Cette grossière «erreur» se double-t-elle d’une mauvaise conduite ? La question, se pose depuis la publication d’un article signé par Edouard Bard et Gilles Delaygue dans la revue Earth and Planetary Science Letters (2).

Ne pas tenir compte de données connues et contredisant votre hypothèse participe des péchés condamnés par l’éthique de la recherche. Comment expliquer le risque pris par ces académiciens de voir leurs carrières entachées par ce comportement bizarre ? Les faits relevés par Bard - bien plus nombreux (6) que ceux cités ici - ne se limitent pas à des erreurs de géophysiciens s’engageant sur un terrain qu’ils connaissent peu. Ils ont franchi une ligne jaune. Les institutions scientifiques sont face à deux questions : comment réagir, comment expliquer les complicités nécessaires à la parution d’un article aussi vérolé ?"