11 novembre 2007

C'est une victoire des peuples premiers, fait assez rare pour que nous le signalions : Alvaro Colom, le nouveau président du Guatemala, chef d'entreprise de 56 ans, est aussi l'un des rares chamans mayas à pouvoir revendiquer ce titre rarement accordé par les anciens à un blanc. Elu le 4 novembre à la présidence, le social-démocrate Alvaro Colom, a rompu avec un demi-siècle de domination de la droite ultra-libérale pour se placer dans le sillage de pays gouvernés au centre-gauche, comme le Brésil, l'Argentine ou le Chili, ou encore la Bolivie. Son programme repose sur la remise en place de services publics de qualité. Comme Evo Morales en Bolivie ou Rafael Correa en Equateur, Alvaro Colom veut redonner leur dignité aux indiens mayas, largement majoritaires dans la population. Il a promis dans ce sens un pays "social-démocrate avec un visage maya" pour effacer "la dette historique" envers eux. Le Guatemala est gouverné depuis son indépendance par la minorité blanche qui détient aussi le pouvoir économique. Il n'a pas de sang indien mais il a reçu le titre honorifique de chaman (prêtre maya), une distinction très rare pour un homme d'origine européenne. Mieux que la prix Nobel de la paix Rigoberta Menchu, éliminée au 1er tour, Colom a su séduire les indiens. La lutte contre la pauvreté (50% de pauvres) et l'insécurité (15 morts par jour, chiffre qu'il s'est engagé à diviser par 5) seront les principaux défis qu'il devra relever au cours de son mandat de 4 ans qu'il entamera le 14 janvier.