5 octobre 2007

C'est officiel : le décret portant création d'une nouvelle réserve maritime à l'ouest de la Bretagne est passé au JO du 2 octobre. Le tout nouveau Parc Naturel Marin d'Iroise, contrairement à ce qu'ont affirmé en masse tous les médias, n'est pas vraiment la première tentative de protection de zones océaniques sur l'hexagone. Le Parc National de Port Cros, créé en 1963 dans la région de Hyères (Méditerranée), gère 1288 hectares de zone marine. En Bretagne, la réserve naturelle de St Brieuc, créée en 1998, s’étend sur une surface totale de 1140 hectares dont 1136 hectares de domaine public maritime. Ce qui distingue cette nouvelle création, c'est avant tout sa taille : on ne parle plus d'hectares mais de km2, le parc marin d'Iroise englobant 3550 km2 (350 000 hectares). Résultat de 15 ans de débats contradictoires, ce parc marin s'implante dans une zone riche d'activités humaines et fortement symbolique : c'est à la Pointe du Raz, (commune de Plogoff), en 1980, que se cristallisait le combat contre un centralisme exacerbé, marqué par le projet d'implantation d'une centrale nucléaire sur ce qui devient aujourd'hui une réserve naturelle gérée par les collectivités locales. De la même manière, l'aventure du Parc Marin d'Iroise n'a pas laissé indifférents les représentants de la population Finistérienne qui une fois de plus a du faire plier les tentations régaliennes des fonctionnaires parisiens. Le dossier du quotidien Le Télégramme est à ce titre plus qu'éloquent : "Le parc marin d’Iroise, c’est un vrai cas d’école pour les étudiants de l’Ena, nos futurs hauts fonctionnaires. Avec, en guise de sous-titre : comment marcher sur l’eau avec de gros sabots ? Car, en l’occurrence, l’État a pratiquement cumulé toutes les bourdes au long d’un parcours chaotique où il a débarqué avec des textes inadaptés, des procédures d’un autre temps ignorant les lois de décentralisation, des tâtonnements parfois invraisemblables et de singuliers renoncements devant la pression de certains élus."

Aujourd'hui les élus sont partagés : certaines communes ont accepté de participer au projet, d'autres non, parmi lesquelles la fameuse Ouessant incarnée par le non moins fameux Jean Yves Cozan, conseiller régional, "l'homme à l'écharpe blanche", qui répondait à la publication du décret : "Il n’apportera rien et dans les îles, nous n’en voulons pas. Nous continuerons à nous opposer de toutes nos forces à l’intrusion dans nos vies insulaires. Nous sommes farouchement et calmement contre. J’envisage de déposer un recours devant le tribunal administratif et le conseil d’État. Nous n’allons pas lâcher le morceau "...

Si l'opposition frontale aux décisions parisiennes prend parfois un tour caricatural, il faut tout même signaler le travail des associations locales, collectivités, et organisations professionnelles : les bretons peuvent s'enorgueillir d'avoir inspiré la nouvelle loi sur les parcs naturels marins (loi no 2006-436 du 14 avril 2006 publiée au JO du 15 avril), qui octroie aux communes la possiblité volontaire d'adhérer à la charte respectant la possibilité de développement économique. Cette loi permet d'intégrer les partenaires locaux avec l'objectif de protéger le milieu tout en assurant la pérennisation des activités.

Les professionnels de l'océan de leur coté semblent accueillir favorablement cette création : l'Association de Ligneurs de la Pointe de Bretagne, qui pratique une pêche durable, espèce y trouver un soutien à ses démarches de préservation des ressources halieutiques. Gilles Bernard, président de l'Association, illustre le fonctionnement idéal que pourrait prendre cette nouvelle structure : "comme une espace de droit, car au travers des contrôles menés pat les représentants de l'Etat, il permettra que les décisions réglementaires soient enfin respectées [...] Comme un espace d'expérimentation ensuite, pour tester de nouveaux modes de gestion. le Comité Local des Pêches d'Audierne a créé l'an passé un cantonnement de plusieurs centaines d'hectares sur la Chaussée de Sein, interdit à tout autre technique que la ligne, pour essayer de sauver les derniers stocks de langouste : nous avons besoin de soutiens techniques et financiers pour assurer le suivi scientifique de la mesure. [...] Comme un espace de valorisation aussi, car il ne fait nul doute que nous avons là une opportunité exceptionnelle de mettre en avant nos produits aau travers d'évocations associées à un domaine préservé et à des pratiques consacrées de développement durable. "