6 avril 2007
colza-moutarde.jpg

Décidément, nous n'en finirons plus de nous remettre en question. Après l'enthousiasme des premiers mois, la réalité, dure, frappe à nos portes. Non, décidément, il n'y aura pas de solution à notre consommation effrenée d'énergie. Les biocarburants, qui suscitent encore de nombreux espoirs chez les gros investisseurs plein de sous et états affamés, montrent déjà de dangereux signes d'une capacité fulgurante à épuiser non seulement les resources naturelles mais aussi les populations. C'est le sujet du moment, la patate chaude qui fait peur. N'en déplaise aux 'progressistes' qui portent toute leur confiance dans les sciences et technologies, le recours aux biocarburants, autrefois source d'espoirs, est en réalité un danger imminent.

Nous avions déjà relayé le cri de l'association Kokopelli : La tragédie des nécro-carburants (27 mars) s'inspire des évenements récents au Mexique, où sous la pression des prix des denrées agricoles la population a subi une augmentation vertigineuse du prix de la tortilla, denrée alimentaire de base dont le maïs est la matière première.

Monoculture

Dans tous les pays du monde, la conversion rapide de l'agriculture à la production de biocarburants pose de graves problèmes. Sylvie Cardona, de l'association AVES France, l'explique : "La production à grande échelle de biocarburants pour l’exportation exige de grandes plantations d’arbres, de canne à sucre, de maïs, de palmier à huile, de soja et d’autres produits en régime de monoculture". De plus, le bilan énergétique (rapport énergie investie / énergie fournie) ne semble pas formidable : en théorie, la combustion d'huiles végétales permet d'économiser des émissions de CO2, par rapport à la combustion de pétrole. En effet, le CO2 dégagé par les huiles végétales est équivalent à celui absorbé lors de la croissance du végétal. Mais ce calcul ne tient pas compte de l'utilisation des engrais, machines, pesticides et autres accolytes de l'agriculture intensive. George Monbiot, journaliste au Guardian de Londres, n'a pas l'habitude de mâcher ses mots : "Un choix mortel [...] l'équation parfaite d'un désastre humain et environnemental [...] Nous savons déjà que le biofuel est pire que le pétrole pour la planète [...] rouler à l'huile de palme cause 10 fois génère 10 fois plus d'émission que rouler au diesel fossile". Bien sur George Monbiot n'invente rien, tous ses arguments sont chiffrés et annotés de références sérieuses.

Biocarburants, Plus dangeureux que les OGM ?

Et Monbiot conclut : "Il nous faut un moratoire sur tous les plans d'utilisation de biocarburants [...] Ce qui nécéssite une grande mobilisation, à l'image de ce qui fut fait pour les OGM et aboutit au moratoire de 5 ans sur les essais en Grande Bretagne. C'était important". Pour les biocarburants, prévoit-il, c'est encore plus important : la dévastation sera immédiate. C'est pourquoi il souhaite une mobilisation massive CONTRE LES BIO CARBURANTS : certes, il faudra se battre contre les industriels qui investissent en masse, contre les agriculteurs qui s'y mettent, bref, on n'est pas sorti de l'auberge.

Réduire, toujours réduire.

Civilisation à la dérive ? Quand donc la consommation effrénée d'énergie, destructrice, se calmera -t-elle ? Il n'y a, à l'heure actuelle, aucune solution de remplacement au pétrole. D'urgence -faut-il le répeter- il nous faut réduire la voilure.