20 mars 2007

Nous nous intéressions, il y a quelque temps, aux extraordinaires connaissances des peuples premiers, dont Jean Patrick Costa, ethnopharmacien, nous rendait compte au détour de son engagement pour la sauvegarde des forêts d'Equateur. Une émission de France Inter, avec en vedette Jérémie Deravin, cofondateur de commerceequitable.com et Francis Hallé, auteur du magistral Plaidoyer pour l'arbre (Editions Actes Sud), nous rappelait ce dimanche aux enthousiasmes de cette formidable époque que nous vivons : la science occidentale est-elle en train d'accéder aux connaissances ancestrales des peuples qui ont su garder avec leur environnement une relation durable, respectueuse, vivable ?

Visions d'ADN

Jérémy Narby, lui-même auteur d'une hypothèse époustouflante sur les visions extatiques des chamans en transe, accédant selon cette hypothèse à un "dialogue" avec l'ADN, en est convaincu. Au cours d'une conférence qu'il donnait à des étudiants indigènes, expliquant sa démarche et les résultats de ses travaux, une question émergea du fond de la salle : "Est-ce que vous êtes en train de nous dire que les scientifiques nous rattrapent? ". Oui, répondait-il, n'omettant pas de préciser que la véritable puissance de la connaissance, ou des sciences, réside dans son éthique : respect de la nature, éthique, progrès, voici réconciliés les avancées de la technologie et la perspective d'un avenir serein ?

Recommandé par Jérémie Deravin, nous nous sommes aventurés sur les traces de Joël Sternheimer, autre chercheur indépendant qui met en évidence des procédés complexes agissant au coeur des cellules, expliquant notamment l'influence de la musique sur des organismes vivants. Citation : "En cette fin de siècle, les scientifiques apparaissent de plus en plus comme des apprentis sorciers en mal d'inspiration. La manipulation du génome est-elle vraiment la solution de tous les maux ?"

Experiences

Plutôt que la thérapie génique et ses dangereux essais d'OGM, Joël Sternheimer préconise, tout simplement, la musico-thérapie. Des tests formels ont confirmé ses intuitions, particulièrement pertinents en ces temps où l'eau, semble-t-il va manquer : des tomates abreuvées de musique ont mieux poussé que les tomates témoins, privées de cette resource inopinée :"Le 18 juillet 1996, des plants de tomates ont été repiqués dans un jardin séparé en deux. Une partie du jardin a été arrosée deux fois par jour, tandis que l'autre ne l'était qu'une fois par jour, mais recevait la musique de la TAS 14 trois minutes par jour, par un radiocassette ordinaire placé au pied des plants"... Autre experience : "Nous avons réalisé avec Pedro une expérience à Paris où l'air est très pollué, raconte Joël Sternheimer. Nous avons placé des algues microscopiques dans un petit bac avec de l'eau. Pendant dix jours, dix minutes par jour, nous leur avons passé une musique stimulant plusieurs protéines de photosynthèse, le processus par lequel les algues fixent le CO2 de l'air, puis gardent le carbone pour se développer et rejettent de l'oxygène. En quelques jours, nous avons vu des bulles d'oxygène. Il y a eu un dégagement d'oxygène seize fois supérieur chez les algues qui avaient reçu la musique par rapport aux algues témoins. Cela ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes"

Le regard du botaniste

Comment se fait-il, pourrait-on croire, que de telles recherches soient si peu médiatisées ? Pas assez cher ? pas assez sensationnel ? Trop avant-gardiste ? déjà vu ? Jean Marie Pelt, autre éminent "connaisseur", l'un des grands botanistes contemporains, est parmi ceux qui aprouvent ces théories "indépendantes" : "Oui, les plantes ont bien une sensibilité qui leur est propre. D'où naturellement des possibilités de communication avec l'homme, maintes fois soulignées, mais jamais, jusqu'à ces toutes dernières années, scientifiquement prouvées. La fameuse " main verte " trouve désormais des justifications scientifiques ; comme d'ailleurs la sensibilité des plantes à la musique. Langages de la nature, sensibilité des plantes, communications secrètes mais efficaces, fondées sur des faits scientifiques récents et dûment établis, nous dévoilent dans cet ouvrage une vision du monde vivant radicalement neuve, où tous les êtres communiquent et communient dans un rapprochement inattendu entre la plante, l'animal et l'homme. Ce sont des analogies de moeurs et de comportements qui nous frappent toujours davantage, parce que ces moeurs et ces comportements, ce sont aussi les nôtres"

Lire :

Les langages secrets de la nature : La communication chez les animaux et les plantes de Jean-Marie Pelt (Editions LGF - Livre de Poche) Le serpent cosmique, l\'ADN et les origines du savoir de Jeremy Narby (Editions Georg)