13 décembre 2006
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Nous avions abordé le sujet, par le biais du dernier film de Di Caprio, dans lequel l'acteur témoigngait de son engagement pour la cause des peuples natifs de la réserve du Kalahari central, au Botswana, expulsés par le gouvernement de leur zone ancestrale convoitée par les multinationales du diamant (lire notre article). La Haute Cour du Botswana a rendu son verdict mercredi: les Bushmen ont le droit de vivre et de chasser sur leurs terres ancestrales de la Réserve naturelle du Kalahari central, dont ils affirmaient avoir été expulsés par le gouvernement. Les membres de la tribu Basarwa, également appelés Bushmen, se sont félicités du jugement, qui intervient après le procès le plus long et coûteux de l'histoire du Botswana.

Des scènes de joie ont accueilli le verdict. "Je ne ressens que de la joie", a déclaré Junanda Gakelevone, de Premier peuple du Kalahari, une organisation représentant les Bushmen. "Je veux retourner à la maison maintenant", a-t-il ajouté au milieu d'une vingtaine de Basarwas chantant et dansant.

Les représentants du gouvernement n'avaient pas fait de commentaire dans l'immédiat. Les deux parties ont six semaines pour faire appel de la décision.

Soutenus par l'ONG Survival International, les Bushmen accusent le gouvernement du Botswana de les avoir expulsés en 2002 de leurs terres, une région grande comme la Suisse, pour en exploiter les richesses minérales, notamment les diamants. Les autorités démentent, affirmant que les Bushmen ont accepté de partir pour permettre la création une réserve naturelle et qu'ils ont été indemnisés.

Selon la Haute Cour, les Basarwas ont été "privés de force et injustement de leurs biens", comme leurs huttes, et vivaient en toute légalité dans la zone. La juridiction souligne que le refus de l'Etat de délivrer des permis de chasse spéciaux aux Bushmen était "illégal" et "anticonstitutionnel" tout comme le refus de les laisser entrer dans la réserve sans autorisation.

Le gouvernement botswanais n'aura en revance pas l'obligation de leur fournir des services de base dans la réserve, comme l'accès à l'eau. Mais Gordon Bennett, avocat des Bushmen, a souligné que cela n'était pas important pour eux et qu'ils allaient maintenant négocier avec les autorités pour que leur retour se déroule dans de bonnes conditions.

La plupart des Basarwas se sont installés dans deux nouvelles implantations, où, selon les autorités, leurs conditions de vie se sont améliorées avec un accès à l'eau potable, à des établissements scolaires et équipements médicaux.

Mais les Bushmen disent souffrir de ce changement à leur mode de vie traditionnel et être victimes de fléaux comme l'alcoolisme et le SIDA. Au moins 12% des 239 Bushmen qui avaient initialement porté plainte en 2002 sont morts dans les camps de relocalisation du gouvernement depuis l'ouverture du procès, selon Survival International.

Les Bushmen veulent pouvoir retourner sur leur territoire ancestral dans le Kalahari et y pratiquer librement la chasse et la cueillette. Ils ont récemment lancé un site Internet comportant des témoignages de plus de 400 d'entre eux exprimant le désir de retourner sur les terres, précise l'ONG. Ils représentent avec leurs enfants plus de 1.000 personnes.

Le Botswana est le premier producteur mondial de diamants, et les Bushmen, soutenus par le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, avaient appelé à l'aide Leonardo DiCaprio, dont le dernier film, "Blood Diamond", réalisé par Edward Zwick, raconte comment la pierre précieuse a financé et alimenté la sanglante guerre civile en Sierra Leone.

Un site Internet appelant au boycott de De Beer's, géant du diamant, a été lancé mercredi. On peut y voir des déclarations des mannequins Lily Cole, Iman et Erin O'Connor, ainsi que de DiCaprio ou encore de l'actrice Julie Christie. "Boycottez De Beers ou ayez la destruction des Bushmen sur la conscience", déclare cette dernière.

"Aujourd'hui est le jour le plus heureux pour nous", a déclaré Roy Sesana, un dirigeant barsawa. "Nous pleurons depuis si longtemps, mais aujourd'hui nous pleurons de joie."

Vous en saurez plus sur le site de l'ONG qui a pris leur défense : I WANT TO GO HOME.