9 avril 2008

BRUXELLES, 9 avr 2008 (AFP). Les députés européens font pression pour stabiliser en 2012 la production d'ordures dans l'Union européenne, qui augmente de manière inquiétante, face à des Etats réticents qui eux veulent les utiliser pour produire de l'énergie.

Chaque Européen produit à lui seul 530 kilos d'ordures chaque année. En ajoutant les déchets industriels et agricoles, l'Union européenne doit gérer une masse de 1,8 milliards de tonnes. L'élimination des seuls déchets municipaux et la gestion des déchets dangereux lui coûtent environ 75 milliards d'euros par an.

Cette masse ne fait que croître au fil des années, plus vite que le Produit intérieur brut (PIB) et un tiers seulement des ordures ou déchets est recyclé, a souligné l'élue britannique Caroline Jackson (PPE-démocrate chrétienne) dans un rapport approuvé mardi soir à Bruxelles par les membres de la commission environnement du Parlement européen.

Mme Jackson espère qu'un accord sera trouvé avec les Etats membres sur ces propositions, afin de permettre au Parlement européen de les avaliser lors d'un vote en session plénière au mois de juin.

Les propositions approuvées mardi soir par les membres de la commission environnement visent à stabiliser en 2012 la production de déchets et d'ordures dans l'Union européenne à son niveau de 2009.

Ils insistent sur le recyclage et préconisent un énorme effort. Selon eux, les taux de recyclage actuels devraient être augmentés de 50% au minimum pour des ordures ménagères et de 70% pour les déchets industriels à l'horizon 2020.

Les Etats membres qui recyclent moins de 5% de leurs ordures et déchets se verront accorder un délai supplémentaire de cinq années pour parvenir à cet objectif, précise la recommandation.

La crise provoquée par la mauvaise gestion des déchets dans la région de Naples, en Italie, a souligné les disparités existant entre les Etats membres dans le traitement et l'élimination de leurs ordures et déchets.

Certains déposent 90% de leurs déchets et de leurs ordures dans des décharges en pleine terre, d'autre 10% seulement.

Depuis trois ans, le Parlement et les Etats membres s'opposent à propos d'une stratégie de gestion des déchets, suite à une proposition de la Commission européenne. Les Etats membres refusent de s'imposer des objectifs chiffrés et des délais.

Les élus européens ont aussi réclamé la généralisation du tri sélectif des ordures en 2015 pour les papiers, les métaux, les matières plastiques, le verre, les textiles, les autres déchets biodégradables, les huiles et les déchets dangereux.

Ils ont enfin insisté sur les menaces pour l'environnement représentées par les décharges et l'incinération, deux sources de pollution, acceptant toutefois une "valorisation" du traitement des déchets avec la possibilité de produire de l'énergie.

Cette disposition divise toutefois le Parlement européen et certains élus ne voteront jamais en faveur de la production d'énergie par des usines de traitement, a reconnu Mme Jackson.

"Les déchets sont un combustible potentiellement important, à un moment où l'Union européenne est confrontée à une crise de l'énergie et est de plus en plus tributaire de sources de combustible étrangères peu sûres", a-t-elle plaidé pour sa part.