27 mars 2008

PARIS, 27 mars 2008 (AFP). L'ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage, s'inquiète de l'absence de suite à son rapport sur les "lanceurs d'alerte" et l'information environnementale, remis le 1er février dernier au gouvernement dans la foulée du Grenelle.

"Je ne sais absolument pas le sort qui lui sera réservé, je n'ai aucune nouvelle et je doute que certaines propositions soient reprises", a-t-elle lancé jeudi lors d'un colloque sur les "lanceurs d'alerte", ces chercheurs qui éveillent le public aux risques environnementaux (ondes magnétiques, pesticides, alimentation ...).

Le rapport de la mission Lepage a repris la proposition inscrite dans le Grenelle de l'environnement d'une loi destinée à protéger d'éventuelles représailles les chercheurs qui communiqueraient leurs informations ayant des incidences sur la santé et l'environnement.

Le cas du chercheur Pierre Meneton, traduit en justice pour avoir dénoncé le poids des lobbies du sel dans la santé, témoigne de la nécessité de cette protection juridique, selon Mme Lepage.

"Nous avons proposé de transformer le droit d'accès du public à l'information en un devoir d'informer pour ceux qui détiennent l'information", avec en outre, la création d'un "délit de rétention d'information" en cas de risque avéré pour la santé, a-t-elle rappelé.

"La société ne peut pas accepter le progrès technologique si le principe de précaution n'est pas convenablement géré et ce principe ne peut être convenablement géré s'il n'y a pas d'alertes qui soient elles-mêmes convenablement gérées," a-t-elle dit.

Pour la sénatrice (Vert) du nord, Marie-Christine Blandin, organisatrice de ce colloque, il s'agit de faire en sorte que "le savoir inédit d'une alerte puisse profiter à la société et que celui qui lance l'alerte puisse être protégé".

"Dans l'état de stress global de la société, il est extrêmement facile de faire taire les timides et de faire passer les lanceurs d'alerte pour des tarés", a-t-elle estimé.

Dans son rapport qu'elle a remis au ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, Mme Lepage, présidente de Cap 21, partie prenante du Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou, formule 88 propositions pour restaurer la confiance de la société dans l'information environnementale, mise à mal par l'opacité sur des sujets sensibles comme OGM, pesticides et pollutions maritimes.