13 décembre 2006
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Le Glider est un instrument autonome sous-marin développé par Webb Research Corporation au Etats-Unis. L’observatoire océanologique de Villefranche-sur-mer, près de Nice, va l’utiliser dans le cadre d’un projet d’observation des courants marins de la côte Ligure. Plus largement, ce véhicule aquatique aura pour mission de voir en détail l’évolution de l’océan.

La technologie va permettre de connaître les océans aussi bien que l’espace. Webb Research désigne et fabrique des instruments scientifiques pour la recherche et le monotoring des océans. Fondée en 1982, elle était d'abord spécialisée dans la construction de flotteurs dériveurs et profileurs. Dans les années 1990, la technologie des flotteurs profileurs a été améliorée pour construire des instruments capables de se déplacer également sur la dimension horizontale : c'est la technologie des Gliders (ou planeur sous-marin). L’observatoire océanologique de Villefranche-sur-mer est en train de mettre en place un projet reposant sur des missions (une à deux semaines tous les mois) d'un seul Glider en Méditerranée Nord Occidentale entre Villefranche-sur-mer et le site Boussole. Cet instrument est financé essentiellement sur les crédits obtenus des agences spatiales (CNES, ESA, NASA). En effet, cet instrument sera équipé de capteurs optiques qui permettent de réaliser des "vérités-mer" des grandeurs océanographiques que mesurent les satellites depuis l'espace. A l'issue de cette première phase d'évaluation, il sera envisagé de passer à une phase plus opérationnelle reposant notamment sur des missions ininterrompues de plusieurs Gliders (trois prévus à partir de 2009), et pouvant aller jusqu'en Corse.

Une technologie en plein essor

Les Gliders sont propulsés par un changement de flottabilité (positive ou négative) : ils n'utilisent pas une hélice pour avancer. Ils fonctionnent selon le même principe qu'un flotteur profileur, mais les ailes convertissent le mouvement vertical en mouvement horizontal. L'inclinaison principale est réalisée par un mouvement de fluide à l'intérieur et à l'extérieur de la partie avant. L’ajustement fin de l'inclinaison est assuré par le déplacement d'un poids interne variable (batterie). Ce planeur sous-marin est dirigé par un gouvernail mobile.

La technologie Glider reprend et étend les avantages des flotteurs profileurs : long rayon d'action (1000 km), opérations sur le long terme (jusqu’à cinq semaines), faibles consommation d'énergie et haute endurance. Ils n'ont pas besoin de soutien par un bateau d'accompagnement. Leur coût d'achat, d'exploitation et d'entretien est bas. Ils constituent pour ces raisons une technologie en plein essor.

Il pèse 52 Kg, est long de 1.8m pour un diamètre de 21.3 cm. Il a une portée de profondeur de 0m à 1000m. La source d'énergie est des batteries alcalines Duracell.

Il utilise un capteur de pression pour estimer la profondeur et une boussole pour mesurer la direction, l'inclinaison et le roulis. En surface, une position GPS est utilisée, sous la surface, une estimation de position est calculée.

" L’océan est sous observé "

" Le Glider va nous permettre de constituer un base de données en glanant un maximum d’information ", s’enthousiasme Hervé Claustre, chercheur au CNRS et responsable de ce projet. " L’observation des courants marins, les variations de la température, le taux de CO2 et de l’oxygène, le phytoplancton, la salinité, et ce, sans la lourdeur des bateaux qui ne permettent pas une observation continue et détaillée. Nous avons dépassé le stade du prototype et nous le considérons comme un véritable outil d’avenir car l’océan reste sous observé, même si cela ne supprimera jamais les bateaux et leurs moyens humain. Nous faisons de la recherche fondamentale pour diverses applications à l’instar de la climatologie, notre objectif est de prévoir puis restituer les prévisions ".

Beaucoup de scientifiques avancent que les changements dans l’écosystème marin sont principalement dus à l’action humaine ; Les déversements des eaux souillées enrichissent l’eau des fleuves, puis celles des littoraux en matières organiques et nutriments. La prolifération du phytoplancton est également induite par le réchauffement global. Les contaminants, pesticides et particulièrement les herbicides ont certainement un effet sélectif sur les différentes espèces phytoplanctoniques, lesquelles fixent le carbone et libèrent l’oxygène. Autant de phénomènes qui pourront être examinés en détail avec ce nouveau planeur des mers.

Guy A Goussin