22 juin 2006

C'est l'expression consacrée : le diesel ne se pompe plus, il se cultive. "Nous allons planter du diesel et réduire les importations", déclarait Sergio Gabrielli le président de Petrobras, la compagnie nationale brésilienne, au cours d'une conférence de presse inaugurant un nouveau type de carburant, le HBIO. le Hbio est obtenu par un nouveau procédé de raffinage qui  incorpore des huiles végétales et produit un diesel utilisable par tous les moteurs diesel sans modification. Objectif : autonomie énergétique pour le Brésil, pays leader en matière de carburant végétal, notamment le biodiesel, modifié quand à lui après les opérations de raffinage.

Le Brésil s'est lancé l'an dernier dans la production de biodiesel à partir d'huiles de ricin, de palme ou de coton, avec l'ambition de développer l'agriculture familiale dans les régions pauvres du nord et du nord est. Le géant sud-américain est déjà le premier producteur et exportateur mondial d'éthanol carburant à base de canne à sucre, grâce au développement, depuis les années 70, de voitures "flex fuel" roulant aussi bien à l'essence qu'à l'alcool. En ajoutant à ces espèces le soja, le nouveau carburant donnera aux producteurs de soja, en difficulté face aux nord américain favorisé par un dollar faible, de nouveaux débouchés sur le marché intérieur : sa production absorbera dès 2007 l'équivalent de 9,8% des exportations totales d'huile de soja.

"En dix huit mois, nous avons développé une nouvelle technolologie capable d'utiliser de l'huile végétale pour fabriquer du diesel, dans lequel le pays n'est pas encore autosuffisant", a-t-il souligné. Le Brésil est parvenu cette année à l'autosuffisance en termes de pétrole brut.

Les conclusions économiques sont "positives": le diesel H-Bio est "moins cher" que son équivalent classique, a affirmé Paulo Roberto Costa, directeur de l'approvisionnement, sans citer de chiffres.

Dans un premier temps (2006-2007), Petrobras veut mélanger 256.000 m3 par an d'huile de soja avec des produits pétroliers dans trois raffineries. Cela lui permettra de réduire de 15% ses importations de diesel et de réaliser une économie de 145 millions de dollars. L'investissement pour adapter les installations existantes à l'introduction d'huile végétale est de 38 millions de dollars.

En 2008, les quantités d'huile végétale incorporées passeront à 425.000 m3 et les importations de diesel seront réduites d'un quart pour une économie de 240 millions de dollars. Des investissements de 23 millions de dollars sont prévus dans deux raffineries supplémentaires.

Par rapport au diesel consommé au Brésil, les volumes H-Bio resteront modestes, de l'ordre de 1 à 1,5% du total, a précisé M. Costa "Nous avons les moyens de croître beaucoup", a-t-il estimé. Le pourcentage d'huile végétale traité avec les produits pétroliers pourra varier mais ne devrait pas dépasser 18%.

Pour les responsables de Petrobras, le diesel H-Bio et le biodiesel sont "complémentaires". Contrairement au procédé H-Bio, le biodiesel est additionné au diesel après raffinage. Dès 2008, le diesel vendu à la pompe devra inclure 2% de biodiesel, un pourcentage qui passera à 5% en 2012.

Source : dépêche AFP.