26 janvier 2009

BERLIN, 26 jan 2009 (AFP). Berlin a donné lundi son feu vert à une mission scientifique visant à répandre du fer dans l'océan pour évaluer son potentiel comme réservoir de carbone, une mesure destinée à combattre le réchauffement climatique.

"A l'issue d'une étude de rapports d'experts, je suis convaincue qu'il n'y a aucune objection scientifique ou légale (...) à l'encontre de l'expérience LOHAFEX", a affirmé la ministre allemande de la Recherche Annette Schavan.

"J'ai donc décidé (...) de mettre en oeuvre cette expérience", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

La décision intervient à l'issue d'un débat entre les ministères de l'Environnement et de la Recherche sur les conséquences du projet germano-indien visant à répandre six tonnes de fer dans des zones océaniques de l'Atlantique sud d'un total de 300 km³ afin d'y favoriser la croissance du phytoplancton.

Le ministère de l'Environnement avait estimé que l'expérience était en contradiction avec un moratoire sur la fertilisation artificielle des océans décidé lors de la Conférence de l'Onu sur la biodiversité en mai à Bonn.

L'Institut de recherche polaire allemand Alfred Wegener (AWI), dont le bateau Polarstern a quitté Le Cap 'Afrique du Sud) le 7 janvier avec 48 scientifiques à bord, avait pour sa part invoqué une clause de la convention stipulant que le moratoire ne concerne pas "des recherches scientifiques à petite échelle".

Lors des deux premières semaines, le bateau, qui doit terminer sa mission le 17 mars à Punta Arenas au Chili, va repérer les zones où sera déversé ensuite le fer devant favoriser le développement du phytoplancton.

Ces microalgues marines jouent un rôle clé dans le niveau mondial de carbone car elles absorbent le dioxyde de carbone situé dans l'eau et l'atmosphère autour d'elles, selon l'Institut.

Après une courte vie, les restes de ces organismes viennent se déposer sur le plancher océanique sous forme de sédiment.

LOHAFEX doit contribuer à une meilleure compréhension du rôle des océans dans le cycle mondial du carbone et permettre de mesurer l'effet potentiel de ces algues sur la teneur en dioxyde de carbone de l'atmosphère, souligne l'AWI.

En avril 2007, la revue Nature avait révélé les conclusions d'un vaste programme mené autour des îles Kerguelen en Bretagne: verser du fer dans l'océan serait 10 à 100 fois moins efficace que le processus naturel, 90% du fer versé se perdrait dans l'océan, et l'effet serait peu durable.

Selon certains experts, des effets secondaires sont toutefois à craindre.

Le fer est versé sous forme de nanoparticules, dont les effets sur l'écosystème marin sont pour l'instant imprévisibles.

Certains scientifiques évoquent par exemple une possible réaction chimique qui produirait un gaz à effet de serre, le protoxyde d'azote (N2O), plus dévastateur que le CO2.