19 mai 2011

Les gouvernements et institutions  d'Amérique du Sud semblent prendre un à un la mesure des enjeux que représente la protection des resources naturelles. Il y peu, Evo Morales, Président de Bolivie, proclamait la "Loi de la Terre Mère", instaurant les droits de la nature, sur le même principe que les inaliénables droits de l'homme. Au Brésil,  la banque internationale Santander répondait cette semaine aux ONG en annonçant la suppression des financements pour des projets de barrages mettant en péril la survie de communautés vivant dans la forêt.

Aujourd'hui, le gouvernement brésilien annonce la création d'un cabinet de crise  contre la déforestation en Amazonie, répondant à une hausse brutale de la déforestation qui a atteint 593 km2 en mars et avril. Ce cabinet sera formé par des experts du gouvernement fédéral, du ministère de l'Environnement et des représentants des Etats où ont été recensés les déboisements les plus importants, a dit Mme Teixeira lors d'une conférence de presse.

"Notre objectif est d'étouffer la déforestation. Et nous allons le faire d'ici à juillet", a annoncé la  ministre brésilienne de l'Environnement, Izabella Teixeira. Elle a souligné qu'il s'agissait d'un "engagement formel du gouvernement afin d'atteindre les objectifs du plan national sur le changement climatique".

Selon les dernières statistiques officielles, basées sur des images satellites, 480 km2 de forêt ont été détruits en deux mois dans le seul Etat amazonien du Mato Grosso (centre-ouest), terre d'élevage de bovins et grand producteur de soja.

"Ceux qui misent sur la déforestation pour élever du bétail, auront leur bétail saisi et il sera destiné au programme Faim zéro" d'éradication de la faim, a souligné la ministre. Elle a ajouté que le gouvernement de l'Etat du Mato Grosso était en train "d'enquêter sur chaque propriété terrienne pour connaître les causes de cette destruction".

une législation paradoxale

dans le même temps, le parlement travaille dans le sens inverse : sous  la pression de lobbies agricoles , le parlement examine une loi assouplissant la protection des forêts. Les écologistes ont affirmé que cette loi - dont le vote la semaine dernière a été repoussé sine die faute d'accord entre les députés - va encourager la déforestation. "C'est au parlement qu'il faudrait installer le cabinet de crise", a ironisé Rafael Cruz, de Greenpeace. Le projet de loi prévoit d'exempter les "petits" propriétaires terriens (jusqu'à 400 hectares) de l'obligation de reboiser jusqu'à 80% des terres défrichées en Amazonie. L'organisation de défense de l'environnement avait affirmé la semaine dernière que cela signifie une perte de 150.000 à 300.000 km2 de forêts.