6 avril 2011

Une étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université de Münster sur le latex contenu dans les pissenlits a permis de faire une découverte étonnante : le pissenlit produit un élastique de gomme, d’une qualité comparable à celle du latex secrété par l’hévéa. Conséquence : cette fleur sauvage pourrait bien représenter à  l’avenir l’une des principales sources de caoutchouc. Des résultats qui n’ont pas échappé au fabricant allemand de pièces automobiles, Continental (149 000 salariés / 46 pays). Ce dernier s’attache actuellement à développer l’idée en collaboration avec un consortium composé d’instituts de recherche et de partenaires industriels, dont l’objectif est de transformer le concept en produits de marché. Le projet a d’ailleurs été récompensé dans le cadre du concours fédéral allemand « Land der Ideen » (Le pays des idées), où le jury a souligné son fort potentiel pour l’avenir.

Pour l’industrie, le pissenlit offre une solution alternative au latex produit par l’arbre à caoutchouc. Une solution qui résoudrait un problème de taille : le caoutchouc naturel actuellement utilisé provient en grande partie de l’hévéa. Or, la culture de cette espèce, présente principalement en Asie du Sud-est, ne permet pas de répondre à une demande mondiale qui excède l’offre. Par ailleurs, un nombre croissant de cultures sont aujourd’hui menacées par la propagation d’une infection fongique. Des difficultés qui épargnent le caoutchouc synthétique. Bien que celui-ci doive faire face à l’incidence des prix du pétrole sur sa production et aux fluctuations brutales de ses prix sur les marchés mondiaux.

Dr. Dirk Prüfer, Professeur à l’Institut de Biologie végétale et de Biotechnologie de l’Université de Münster, confi rme les qualités intrinsèques du pissenlit : « Les premiers résultats de l’étude démontrent clairement la capacité du pissenlit russe à produire un caoutchouc naturel de très haute qualité. Ses propriétés physiques et chimiques sont identiques à celles du caoutchouc brésilien. Toutefois, son utilisation par l’industrie en vue de la fabrication de caoutchouc naturel ne serait possible qu’en mettant en place une production de la plante à grande échelle. J’espère que le pissenlit fera bientôt partie du paysage agricole allemand. Il le mérite bien.» Les biochimistes sont parvenus à identifi er l’enzyme responsable de la polymérisation rapide du caoutchouc de pissenlit. En désactivant cette enzyme, ils ont obtenu des plantes génétiquement modifi ées à partir desquelles le caoutchouc peut s’écouler librement et être récolté. Ce qui est un énorme pas en avant. Le caoutchouc constitue en effet l’élément principal d’un pneu. « Le ContiPremiumContact 2 pour les véhicules particuliers, par exemple, est composé à 41 % de caoutchouc, » confi rme Alexander Lührs, Responsable Relations publiques Pneus pour véhicule particulier chez Continental. Les scientifi ques estiment que le pissenlit pourrait à terme répondre à un dixième de la demande en caoutchouc en Allemagne. « Ce projet revêt un intérêt majeur pour le développement du matériau, » ajoute Dr. Boris Mergell, Responsable Matériaux pour pneus et Mise en œuvre des processus & Industrialisation chez Continental. « L’obtention de caoutchouc naturel à partir du pissenlit nous permettrait de répondre dans un délai relativement court aux mouvements de l’approvisionnement. Après tout, du semis à la récolte, la plante n’a besoin que d’une année pour se développer. De la première cueillette à la récolte du caoutchouc, la mise en place d’une plantation de caoutchouc conventionnelle nécessiterait ainsi grosso modo 5 à 7 ans. »