12 janvier 2011

Un grand nombre de commentateurs sportifs ont exprimé leur étonnement lors de l’annonce le 2 Décembre dernier de l’attribution de la coupe du monde de football en 2022 au Qatar, dont la candidature était en compétition avec les Etats-Unis, l’Australie, le Japon et la Coré du Sud.  En effet, comment ce petit pays sans aucune tradition footballistique et ou les températures peuvent atteindre 45ºC en été peut-il prétendre accueillir joueurs et spectateurs pour un tournoi de plein air mondialement réputé ?

Lusail National Stadium. Photo: © Foster & Partners

Ce qui retient l’attention dans la candidature Qatarie est l’approche radicalement innovante d’un point de vue technique et architectural de la construction des nouveaux stades nécessaires pour l’organisation de la compétition.  En effet, le Qatar propose construire des stades entièrement climatisés… et fonctionnant à l’énergie solaire.

En préparation de la visite du comité d’inspection de la FIFA en Septembre dernier, la firme britannique Arup & Associates a construit un stade prototype de 500 places dans le but de tester les technologies proposées grandeur nature. Le modèle ainsi construit envisage un bilan carbone neutre et intègre les technologies solaires dans le design de la structure du stade sous trois formes :

1- D’un point de vue architectural, la structure intègre une approche adoptée dans le domaine de l’énergie solaire passive.  Un toit vouté et rotatif permet de réguler la température interne, la quantité d’ombre et la ventilation naturelle du stade à différents moments de la journée.  Le toit peut aussi être complètement fermé pour faciliter la climatisation avant un match.

Photo © Gem Avertising & Publications/Arup Associates

2- Le toit rotatif, l’éclairage et tous les systèmes électriques du stade fonctionnent à l’énergie solaire photovoltaïque.  La structure est connectée à une ferme solaire externe raccordée au réseau et produit de l’électricité à longueur d’année.  Le réseau en place est donc capable de fournir la demande accrue en énergie les jours des matches. Selon le design spécifique de certains stades, il est possible que les panneaux photovoltaïques soient directement installés sur le toit.

Photo © Gem Avertising & Publications/Arup Associates

3- Le prototype met également en pratique des techniques encore peu utilisées dans le domaine de l’énergie solaire thermique.  Des capteurs solaires externes alimentent un système de climatisation solaire (climatisation/réfrigération par absorption) qui permet de produire et stocker de l’eau froide puis de climatiser les gradins et le terrain pendant les matches.

© Arup Associates

Avec une température extérieure maximale de 44ºC, la température à l’intérieur du stade prototype le jour de l’inspection par la FIFA était de 23ºC.

Ces technologies solaires sont bien sur déjà utilisées dans le secteur de la construction durable, mais il s’agit cette fois de passer à la vitesse supérieure et de les intégrer à des structures beaucoup plus importantes et ce dès la conception.  Il est donc envisagé d’adapter les techniques exposées ci-dessus au design spécifique des 12 stades proposés dont la capacité variera entre 43,520 et 86,250 places

On comprend donc vite comment la coupe du monde de football 2022 au Qatar est en passe de devenir une vitrine mondiale pour tout le secteur de la construction durable en général et surtout pour le design, l’architecture et l’urbanisme utilisant les technologies liées à la capture de l’énergie solaire à grande échelle.  Il est également encourageant de voir un pays du Golfe Persique investir des sommes considérables dans les énergies renouvelables  et anticiper l’après pétrole.