12 novembre 2006
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"Au-delà des préoccupations écologiques légitimes qui sont les siennes, il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu’elle est, une théorie élaborée par des individus habitant des sociétés prospères. Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. " (PIERRE-ANTOINE DELHOMMAIS, Le Monde, 30 juillet 2006, in L'obscure lubie des objecteurs de croissance - voir notre article à ce sujet).

Au delà de ce très controversé article, la question de la pertinence des mouvements ou démarches écologiques chez les riches est souvent posée, comme en témoigne, dans une récente chanson du dernier album de Renaud, la très juste description des bobos (bourgeois bohèmes) :

"ils fument un joint de temps en temps,
font leurs courses dans les marchés bios
Roulent en {x4}4, mais l'plus souvent,
préfèrent s'déplacer à vélo
[...]
Ils aiment Jack Lang et Sarkozy
Mais votent toujours Ecolo
Ils adorent le Maire de Paris,
Ardisson et son pote Marco"

Mais l'actualité le prouve tous les jours, l'écologie n'est pas seulement un sport de riches. Nous l'avons déjà évoqué, la conférence de Nairobi, 12e conférence internationale sur le climat, qui se déroule du 6 au 17 novembre au Kenya, a ceci de particulier que pour une fois, les pays riches se réunissent à quelques lieues des espaces de vie ancestraux des premières communautés humaines à être menacées de disparition prochaine par les conséquences du réchauffement : les tribus nomades du nord Kenya comptent 3 millions d'individus et leurs élevages, qui assurent leur survie, sont menacés par la sécheresse. Des représantants Masaïs organisaient une conférence de presse, dans le cadre d'une série de manifestations qui ont réuni des milliers d'Africains dans les rues de Nairobi, samedi dernier.

"Ma population ne roule pas en 4X4 (...), ne part pas en week-end, en vacances en avion, mais ressent les effets du changement climatique», a lancé Sharon Looremetta, une Masaï membre de l'organisation non-gouvernemantale Practical Action basée en Grande-Bretagne.

"C'est une injustice énorme et nous appelons à une action urgente», a-t-elle insisté. Les Masaïs, une tribu essentiellement installée au Kenya et en Tanzanie voisine, "sont les premiers et les plus touchés par le changement climatique", provoqué essentiellement par les émissions de gaz à effet de serre liées à la combustion d'énergies fossiles (charbon gaz, pétrole), a-t-elle affirmé.

"On a eu très peu de pluies ces trois dernières années, les animaux meurent, les enfants ne vont pas à l'école, les femmes passent la plupart du temps à la recherche de l'eau et pas dans des activités économiques pour gagner leur vie», a ajouté Mme Looremetta, le cou orné de colliers de perles colorées, caractéristiques des Masaïs.

"Les enfants abandonnent l'école", car "ils marchent beaucoup à la recherche d'eau et de pâturage" pour leurs bêtes, qui sont leurs principales ressources a-t-elle expliqué.

Les manifestations organisées ce samedi 11 novembre à Nairobi auront au moins la vertu de montrer aux sceptiques que l'écologie pose de problématiques plus complexes que la révélation mystique de bobos en mal d'exotisme...