23 octobre 2006

Notre confrère Emmanuel Mermet, webmaster de bio-tendances.com, était présent au colloque organisé le 9 octobre dernier à l'occasion de la remise du rapport 'facteur 4' , écrit conjointement par les Ministères de l’Industrie et de l’Ecologie. Fait rare et souhaitons le précurseur, chacune des parties, industriels et écologistes, a pu s'exprimer sur la nécéssaire révision des pratiques industrielles dans le cadre
du réchauffement climatique.

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L’initiative Facteur 4 sur la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050

Le 9 octobre dernier, les Ministères de l’Industrie et de l’Ecologie ont présenté les conclusions du Groupe Facteur 4 à l’occasion d’un colloque organisé à Paris. La Ministre de l’Ecologie a rappelé les objectifs du Protocole de Kyoto, et notamment les risques du réchauffement climatique. D’après les chercheurs du GIEC (Groupe d’experts international sur l’évolution du Climat), si l’humanité souhaite limiter la hausse de la température moyenne du globe à 2°C d’ici 2050, elle doit diviser par deux en moyenne ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, ce sont majoritairement les pays riches qui participent à l’émission de GES : leur effort doit donc être plus important, comme prévu dans le cadre du Protocole de Kyoto. Reprenant l’initiative, la France a décidé de lancer une étude sur la faisabilité économique et sociale d’une division par quatre de ses GES d’ici 2050.

Un groupe de travail a été confié à l’économiste Christian de Boissieu, composé d’ONG environnementales, de chercheurs, d’industriels, de ministères et de syndicats. L’enjeu est énorme : comment anticiper les chocs technologiques qui révolutionneront nos modes de vie d’ici 40 ans, sans choisir forcément la voie de la décroissance. Il s’agit donc de réinventer un modèle économique plus soucieux de l’environnement.

Le groupe Facteur 4 a remis un rapport dont nous présentons ici les grandes conclusions, (leurs travaux sont disponibles sur Internet) :

  • Définir un chemin vers le Facteur 4, assorti d’un Pacte National pour le Facteur 4, indiquant des objectifs intermédiaires de consommation en millions de tonnes équivalent pétrole.

  • Améliorer la cohérence des politiques publiques en finançant les initiatives de développement durable et en établissant un plan d’investissement européen de long terme au-delà de 2012.

22 recommandations essentielles traitent ensuite de différents secteurs :

  • Politique des logements, des infrastructures doivent mettre l’accent sur le développement durable, en renonçant par exemple aux projets autoroutiers et en contraignant à la construction Haute Qualité Environnementale (HQE).

  • Du côté des énergies, le rapport recommande le développement de la biomasse, souvent oubliée dans le « mix énergétique ».

  • Inciter les acteurs par une meilleure pédagogie et information, la sensibilisation des enfants et surtout des acheteurs et consommateurs ainsi que des salariés dans les entreprises pour qu’ils développent des attitudes responsables et sensibilisent les directions d’entreprise.

  • Développer la recherche développement sur les économies d’énergie et les nouvelles technologies.

  • Inciter les collectivités locales à s’engager dans la voie de la réduction des GES et développer des incitations fiscales sur la réduction de l’utilisation de sources énergétiques impliquant des GES.

  • Développer un arsenal réglementaire clair engageant à la modernisation du parc de logement pour le mettre aux normes HQE ainsi que sur le parc automobile.

Plus rare venant d’économistes, il est enfin admis au plus haut lieu que protection de l’environnement et économie ne sont plus antagonistes, mais que la réduction des GES et le développement durable ont bien le pouvoir de relancer l’économie et d’être la nouvelle frontière des politiques européennes.

Lors de la conférence, on aura particulièrement apprécié la prestation de Jean-Louis Beffa, PDG de Saint-Gobain et Président de l’Agence pour l’Innovation Industrielle, qui a plaidé pour la mise en place rapide de réglementations drastiques permettant aux industriels de faire en sorte que les produits écologiques ne soient pas des produits de luxe, assemblés en petites quantités, mais des produits banalisés et obligatoires dans la construction de logement, de véhicules ou la consommation courante. Il a également demandé à ce que la France et l’Europe se placent en tête sur ces marchés pour qu’elles puissent prendre pied dans le marché du développement durable des pays en voie de développement.

Finalement, nous retiendrons, y compris pour notre action de tous les jours, la phrase qui a été citée à l’occasion du débat avec la salle : les nouvelles technologies environnementales ont un coût légèrement supérieur aux technologies anciennes, mais combien nous coûtera ce que nous ne ferons pas ? Reste à espérer que cette belle initiative soit relayée dans les médias pour qu’elle prenne corps dans les politiques publiques et les programmes des candidats à la Présidentielle de 2007… et qu’elle ne soit pas isolée sur la planète, la France n’étant responsable de l’émission « que de » 4% des GES sur la Terre !

Les travaux du groupe Facteur 4 sur le site du Ministère de l’Industrie

http://www.industrie.gouv.fr/cgi-bin/industrie/frame23e.pl?bandeau=/energie/prospect/be_prosp.htm&gauche=/energie/prospect/me_pros.htm&droite=/energie/prospect/facteur4.htm

Le site gouvernemental sur l’effet de serre

http://www.effet-de-serre.gouv.fr/

Le site du GIEC (IPCC) en français

http://www.ipcc.ch/languageportal/frenchportal.htm