2 août 2006

L'Institut d'études économiques et sociales pour une Décroissance Soutenable, dont les points de vue sont parfois abrupts (lisez le commentaire de Vincent Cheynet sur le livre d'Yves Paccalet, l'humanité doit disparaître), doit tout de même bénéficier d'un légitime droit de réponse face aux inepties proférées par le chroniqueur Pierre-Antoine Delhommais, en page 2 de l'édition du 30 juillet 2006 du Monde : « …il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu'elle est (…) Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble. »

Au delà de la négation totale des conséquences désastreuses, tant que niveaux écologique que social, de la croissance anarchique de l'économie dans les pays du tiers monde, où malgré l'augmentation des richesses, les inégalités se creusent, Pierre-Antoine Delhommais déshonore la presse quotidienne en insultant de nombreuses personnalités dont l'engagement est des plus sincères, parmi lesquelles le respectable Hubert Reeves. Nous sommes choqués de cette publication et c'est pourquoi nous publions la réponse de l'Institut d'études économiques et sociales pour une Décroissance Soutenable. Hubert Reeves, de son coté, a exercé directement son droit de réponse dans l'édition du 1er aout du Monde, dans un article titré "Pour une vie meilleure", il fait brillamment avancer le débat en mettant en cause l'unité de mesure de la croissance, basée sur le PIB : "Quelle planète préparons-nous pour nos petits-enfants ? [...] Le PIB mesure l'augmentation des richesses [...] Bien entendu la vente de poisons y est incluse. Et plus on va empoisonner le sol, l'air ou l'eau, plus le PIB va croître [...] A la décroissance des énergies fossiles, doit se substituer une croissance des énergies renouvelables [...] la décroissance est une notion qui demande des adaptations personnalisées [...] Pour ma part, je préfère les mots sans connotation de privations à endurer. La croissance de la recherche scientifique, la croissance de l'agriculture biologique, et des commerces de proximité... voilà des exemples de croissance à concrétiser."

Communiqué : Le Monde insulte les Objecteurs de croissance

Le journal Le Monde insulte les militants de la décroissance, par l’entremise de son chroniqueur Pierre-Antoine Delhommais, dans son édition du 30 juillet 2006. « …il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu'elle est (…) Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble. » Les Objecteurs de croissance « se proclament humanistes, mais ils ne croient pas en l'homme. (…) ils laissent à son sort le milliard d'êtres humains qui vit avec moins de 1 dollar par jour.» « En Chine, le nombre de personnes très pauvres est passé, grâce au boom économique, de 377 millions en 1990 à 173 millions en 2003. Selon certaines simulations, l'extrême pauvreté y sera éradiquée dans quinze ans si le PIB continue à progresser au même rythme. Le scénario catastrophe par excellence pour les objecteurs de croissance. » « Apparemment d'une grande simplicité, le concept de décroissance repose en réalité sur des fondations philosophico-scientifiques complexes, voire obscures. » [une secte sans doute...].
Bien sûr, inutile de polémiquer face à des arguments d’un tel niveau. Nous ne nous laisserons pas abaisser à répondre sur le même plan. Les insultes, mensonges et calomnies du journal Le Monde ne déshonorent que lui-même. Nous nous faisons une autre idée du débat. Cela pourrait même être plutôt bon signe que la presse aux mains de l’économie s’inquiète, car le chroniqueur écrit « Au-delà des grands classiques (…), un thème économique inédit pourrait émerger lors de la campagne présidentielle. Celui de la décroissance, doctrine en vogue ». Malheureusement, même sur ce point, il a tord : le seul candidat à la candidature qui ne communie pas dans la Croissance, le député Yves Cochet, a été éliminé voici 10 jours…

Enfin, le « quotidien de référence » pourrait commencer par vérifier ses informations : - le Parti pour la décroissance n’a jamais organisé aucune marche, - Nicolas Hulot s’est toujours déclaré opposé à la décroissance, contrairement aux affirmations du journal. De plus, Robert Ayres est un inconnu pour le mouvement français pour la décroissance et ne peut donc en aucune manière être « un de ses maîtres à penser ».

Voilà qui fait beaucoup d’erreurs, de mensonges et d'insultes en une colonne pour un journal qui se prétend « sérieux ». L’IEESDS exige du journal Le Monde des excuses.

IEESDS, le 30 juillet 2006