2 septembre 2012

WikiCells est une startup franco américaine étonnante qui se situe au carrefour de l’industrie agro-alimentaire, de la science (génie chimique et biomédical) et du design.  Suite à deux années de recherche et développement,  l’entreprise vient de lancer sur le marché un nouveau concept d’emballage naturel et comestible capable de contenir liquides, émulsions, mousses où toute autre substance alimentaire.

© WikiCells

La startup WikiCells est le fruit de la collaboration entre l’américain David Edwards, professeur de génie biomédical à l’université de Harvard et le designer français François Azambourg.  WikiCells, c’est aussi le nom générique qui désigne le contenant à base végétale capable « d’emballer » toute une gamme de produits frais sous diverses formes.  Selon le type d’aliment, les WikiCells se déclinent en version molle ou dure.  Pour les yaourts, les fromages ou les mousses par exemple, les WikiCells prennent la forme d’une peau translucide et gélatineuse à base d’alginate (un dérivé d’algues), de chitosane (un polymère dérivé des carapaces de crustacés) et d’ions de calcium qui forment une membrane protectrice, lavable et 100% comestible.  Entrent donc en scène le Wikifromage, la Wikimousse ou le Wikiyaourt.  Comme le précisent les concepteurs du projet, la membrane comestible est adaptable au produit et peut donc inclure des fines herbes, des graines ou des fruits.  Les combinaisons possibles de parfums et de saveurs sont donc infinies.  La version « dure » de l’emballage comestible peut être fabriquée à base de bagasse (le résidu fibreux de la canne à sucre) ou d’isomalt (un édulcorant à base de saccharose) et peut prendre la forme d’une coque sphérique (Wikiglace, Wikicocktail) ou d’une boite (Wikiboisson).  Techniquement parlant, ces derniers sont comestibles…ou 100% biodégradables et peuvent être compostés. 

Tout comme un grand nombre d’innovations, les WikiCells sont un autre exemple de biomimétisme, cette démarche scientifique qui consiste à copier de la nature pour reproduire des structures similaires.  David Edwards affirme tout simplement s’être inspiré du grain de raisin, dont la pulpe et les pépins sont protégés naturellement par une peau imperméable, nutritive et comestible. Si la pelure des oranges ou la coque des noix de coco n’est pas entièrement comestible, elle est au moins partiellement réutilisable et biodégradable.

Même si le projet en est toujours à un stade précoce (un certain nombre de questions en suspens liées à la durée de conservation, l’hygiène, le goût ou la texture des WikiCells sont toujours à l’étude), l’entreprise est déjà en pourparlers avec un certain nombre de grandes multinationales pour mettre en place une éventuelle commercialisation du produit à grande échelle. 

Il est certain que l’idée d’un emballage comestible pour des produits alimentaires de consommation courante revêt une connotation futuriste  auprès du grand public.  Mais en définitive, les travaux de David Edwards ne sont pas si éloignés de ceux des chefs avant-gardistes qui pratiquent la gastronomie moléculaire comme le Catalan Ferran Adrià.  Dans le même temps, on peut dire que cette innovation a le potentiel révolutionnaire d’éliminer totalement l’utilisation, le recyclage ou le gaspillage des emballages en plastique, en papier, en carton ou en aluminium, et ce sans coût supplémentaire.  Une autre idée intéressante à suivre…

En attendant, le grand public est  invité à déguster quelques Wikiapéricubes et Wikicocktails au Wikibar du Labstore, Le Laboratoire, 4 rue du Bouloi, 75001 Paris dès le mois d’octobre 2012.

http://www.wikicells.com/