29 mars 2011

En ce printemps 2011, jardinage biologique, alimentation saine et exercice physique sont à la une de l’actualité aux États-Unis, et ce à l’instigation de Michelle Obama.  Tout d’abord, le jardin potager de la Maison-Blanche (conçu en en Mars 2009) entame sa troisième saison.  D’une taille de 100m² et installé dans la partie sud du jardin de la Maison-Blanche, il contient 55 variétés de fruits et légumes.

Les produits du potager entrent dans la composition des menus de la famille Obama et leurs invités au gré des saisons.  Adjacent au potager se trouve même une ruche, gérée par le menuisier de la Maison-Blanche.  Sur le site officiel, il est possible d’effectuer une visite interactive des pièces qui composent le bâtiment mais aussi du potager et de la ruche (en anglais).  Le potager est géré par Michelle Obama, assistée des cuisiniers de la Maison-Blanche et des élèves des écoles locales de Washington.  Les méthodes de cultures sont évidemment organiques, ce qui n’a pas manqué de froisser un certain nombre de représentants de l’agro-industrie et de fabricants d’engrais et de pesticides.

Déjà en 1943, Eleanor Roosevelt avait créé un « potager de la victoire » dans l’enceinte de la Maison-Blanche dans le but d’encourager les américains à faire pousser leurs propres légumes pendant les années de guerre.  Ce qui motive Michelle Obama aujourd’hui, c’est la « guerre » contre l’obésité et l’excès de poids, un véritable fléau qui touche un enfant sur trois aux États-Unis.  Le taux d’obésité y a en effet triplé au cours des trente dernières années en raison d’un changement du mode de vie et des habitudes alimentaires, d’aliments trop riches en calories ou de portions trop importantes.

Avec pour objectif de renverser la tendance en l’espace d’une génération, de changer les habitudes alimentaires des américains et de promouvoir une nourriture saine et équilibrée, Michelle Obama a lancé l’initiative « Let’s Move » en Février 2010, une campagne d’action et d’information destinée aux enfants, parents, éducateurs, professionnels de la santé, élus locaux, associations diverses et aux entreprises privées.  « La santé physique et émotionnelle de toute une génération et la santé économique et la sécurité de notre nation est en jeu. » a-t-elle déclaré lors de l’inauguration de « Let’s Move ».  Les écoles sont donc incitées par exemple à participer a des campagnes de promotion d’une cuisine saine dans les cantines, les parents sont incités à faire la cuisine ou du sport avec leurs enfants, les écoles sont encouragées à organiser des activités culinaires ou à planter un potager, les élus locaux à promouvoir les activités de « Let’s Move » etc.

A l’heure du bilan annuel en Février dernier, des résultats concrets se manifestent déjà.  Quelques exemples :

  • Trois des fournisseurs principaux des cantines scolaires se sont engagés à respecter les niveaux recommandés en graisses et en sucre des aliments qu’ils livrent aux écoles et à doubler la quantité de fruits et de légumes qu’ils fournissent au cours des dix prochaines années.
  • Plus de 2,000 chefs de cuisine se sont portés volontaires pour promouvoir une nourriture saine dans les cantines de leur localité.
  • The Healthy, Hunger-Free Kids Act, une loi garantissant l’accès pour tous à une alimentation saine et équilibrée à l’école vient d’être votée au congrès.

Au-delà d’une démarche symbolique (et qui aurait pu le rester), on est donc passé en très peu de temps d’un simple jardin bio à une action très concrète et efficace dans le domaine de la santé publique sur le plan national, à une promotion de la cuisine, de l’agriculture biologique et des produits locaux et à une mise en valeur du million de jardins ouvriers ou communautaires qui existent déjà dans le pays.  Dans le même temps, on peut penser que l’engagement sans concession de la femme du président des Etats-Unis indique une réelle volonté de faire évoluer les choses dans le domaine de la politique agricole et environnementale américaine.

http://www.letsmove.gov/