7 septembre 2010
"Si l’on compare la quantité produite, le coût de la production, l’eau consommée et l’énergie consommée, l’emploi créé, on arrive à la conclusion qu’il vaut mieux avoir 100 fermes de 50 hectares qu’une ferme de 5000 hectares. Je ne pense pas qu’il faille aller jusqu’à revenir à l’ancien mais qu’il faille trouver un autre équilibre que celui que nous avons eu l’erreur de croire bon. " affirme aujourd'hui  Edgar Pisani Ancien Ministre de l’Agriculture inventeur de la PAC. Il est l'un des intervenants du dernier documentaire de Agnès Fouilleux, réalisatrice qui a déjà à son actif  "Un aller simple pour Maoré" sorti en salle en 2009 et salué par la presse.
Donner à comprendre, c’est ce que j’ai à nouveau voulu faire dans ce film pour ce qui concerne cette fois le modèle dominant de développement agricole, j’insiste, ce n’est pas une fatalité. Ses conséquences sur la santé publique et l’environnement sont aujourd’hui catastrophiques. Donner des outils de réflexion et appréhender la globalité de la situation : se rendre compte qu’on est parti sur le mauvais chemin...
Un film documentaire de cinéma pour comprendre le lien : environnement - politique - agriculture... Ce qui arrive n’est pas une fatalité ! Le bon sens paysan qui faisait l’agronomie d’hier a peu à peu, depuis plus de cinquante ans, été remplacé par des logiques marchandes, qu’une poignée d’entreprises multinationales a réussi à imposer en prenant le pouvoir jusqu’au plus haut niveau. Les petites fermes polyvalentes et autonomes des paysans d’hier ont laissé la place à d’immenses “exploitations” qui portent bien leur nom... Pourquoi, comment et au profit de qui la production agricole s’est-elle industrialisée au point de désertifier les campagnes, d’empoisonner l’eau et les sols, de stériliser les paysages, de confisquer les semences et d’affamer des millions de paysans dans le monde ?

Au delà des discours et des bonnes volontés politiques affichées, les conséquences de l’évolution de notre agriculture sont là : malbouffe, dégâts environnementaux irréversibles, conséquences sociales ... Le constat de la mise à mal des quatre éléments fondamentaux qui assurent la souveraineté alimentaire à venir : l’eau, la terre, les semences, et la biodiversité est aujourd’hui alarmant.

Le film d’Agnès Fouilleux nous révèle pas à pas les mécanismes et les enjeux de la mondialisation et de la financiarisation de l’agriculture, face auxquels des résistances commencent à apparaître. Du paysan au chercheur, de la semence précieusement conservée au lobbyiste sans état d’âme de Bruxelles, ce tour d’horizon exhaustif suggère clairement, travaux pratiques à l’appui, que ce qui est petit, ou du moins pas trop grand est beaucoup plus “joli“ pour notre avenir... Après le Grenelle de l’environnement, alors que le “bio” a le vent en poupe, la réalité paysanne prouve que l’agriculture industrielle et la politique agricole commune nous amènent droit dans le mur... Et tant qu’une minorité aura tant d’argent à gagner : rien ne changera ! Alors réveillons-nous !