31 août 2010

Installé depuis plus de 20 ans dans le Vermont (Etats-Unis), Charles Shackleton est un ébéniste d’origine irlandaise qui s’est très tôt orienté vers l’ébénisterie d’art.  Sa femme Miranda Thomas se spécialise dans la création de pièces uniques en poterie.  En 1999, les deux artisans ont joint leurs efforts pour former une seule et même compagnie : ShackletonThomas.  L’an dernier, la compagnie fut à l’origine d’un projet artisanal très original baptisé "The Naked Table Project" (la table nue).  Le concept en est simple : prenons l’exemple d’un élément de mobilier indispensable à l’aménagement d’une habitation comme une simple table de cuisine ou de salle à manger.  Pourquoi ne pas impliquer les clients potentiels dans le projet de fabrication de leur propre table ?  Le processus commence six mois auparavant par l’abattage dans une forêt durablement gérée des quelques arbres nécessaires à la fabrication d’une quinzaine de tables.  Les coordonnées GPS de chaque arbre sont conservées et seront gravées sur le produit fini.  Le bois est envoyé dans les scieries locales pour être transformé, séché et entreposé.

Crédit Photos: ©2010 ShackletonThomas Inc.

Au cours d’un week-end, une quinzaine de participants se réunissent dans les ateliers de l’ébéniste pour assembler manuellement, finir, dater et signer "leur" table avec l’aide des ouvriers de l’atelier.  Le week-end culmine par l’organisation d’un repas communal ou toutes les tables nouvellement fabriquées sont alignées sur une vingtaine de mètres.  Participent au repas tous les acteurs impliqués dans la fabrication des tables : agents forestiers, bucherons, camionneurs, employés des scieries, artisans ébénistes.  Le projet inclus également une visite de la forêt d’où proviennent les arbres qui ont servi à la fabrication des tables.  A l’issue du week-end, chaque participant repart avec sa table.  Au vu du succès rencontré initialement, sept week-ends supplémentaires ont déjà été organisés.

C’est donc un retour à un modèle de fabrication pré-industriel, antérieur aux méthodes de production de masse et à la standardisation ou les utilisateurs ultimes de l’objet produit participent à sa fabrication.  Cette approche permet également de mieux comprendre le cycle de vie des objets de consommation courante comme le mobilier, et ce dans un contexte local et communautaire.