14 juin 2010

Maintenant que les pommes de terre ont été plantées dans les jardins potagers, il faut désormais garder un œil sur les conditions météos dès le mois de Juillet.  En effet, chaleur et humidité excessives (plus de 75%) pendant plusieurs jours d’affilées sont particulièrement propices au développement du mildiou, cette maladie cryptogamique qui s’attaque aux pommes de terres mais aussi aux tomates et aux vignes.  En raison d’une politique économique impériale désastreuse et d’une dépendance à la monoculture de la pomme de terre, ce sont les vagues successives de mildiou entre 1845 et 1849 qui ont anéanti les récoltes en Irlande et déclenché la famine.  Encore aujourd’hui, les services météos irlandais et britannique publient dans leurs bulletins nationaux des alertes au mildiou en Juillet et Août quand les conditions s’y prêtent.

Les premiers symptômes du mildiou se manifestent par l’apparition de taches noires sur les feuilles des plants de pommes de terre.  La maladie se propage rapidement aux tubercules qui développent aussi des taches noires et commencent à pourrir.  Il faut immédiatement éliminer les plants atteints pour éviter la propagation de la maladie, mais dans de nombreux cas, surtout dans des conditions exceptionnellement humides, il est déjà trop tard.  Les méthodes préventives sont nombreuses, allant des traitements fongicides comme la bouillie bordelaise à base de sulfate de cuivre aux traitements biologiques comme la pulvérisation de purin de prêle ou de solutions à base de bicarbonate de soude.

Une autre solution est de sélectionner des variétés résistantes au mildiou.  Depuis 2002, deux variétés totalement résistantes au mildiou (Sarpo Mira et Sarpo Axona) sont commercialisées au Royaume Uni comme « pommes de terre de consommation pour la culture biologique et pour les jardiniers » et ce avec un succès croissant.  Ces deux variétés sont également de plus en plus populaires chez les jardiniers irlandais.  L’origine de cette variété est assez inhabituelle.  C’est une famille de chercheurs hongrois, les Sarvari, qui ont passé plus de quarante années à améliorer des souches résistantes de semences sud-américaines.  En 1994, remarquant des plants de pommes de terre sains entourés de plants malades dans un champ d’essai en Roumanie, Adam Anderson, un agriculteur écossais, parvient à retrouver l’origine des plants : ils proviennent de la ferme des Sarvari.  Avec l’aide de plusieurs partenaires, une société est formée pour soutenir les producteurs et développer les semences commercialement.  Une société à but non lucratif, le Sarvari Research Trust, a aussi été crée en 2002 au pays de Galles dans le but de poursuivre les recherches, tester des nouvelles semences résistantes au mildiou et les commercialiser.  Quatre nouvelles variétés sont disponibles commercialement depuis 2009.

Ayant personnellement fait pousser des pommes de terre de la variété Sarpo Axona en 2008 et 2009 dans mon propre potager (voir photo), je peux effectivement témoigner de leur exceptionnelle résistance, surtout au vu des précipitations excessives de l’été 2009.  Récolte abondante, sans traitement et que j’ai pu laisser en terre jusqu’en décembre n’ayant pas d’autre moyen de stockage.  D’ici à ce que ces semences deviennent disponibles commercialement en France ou en Belgique, on peut se procurer les variétés de pommes de terre Sarpo Axona et Mira chez Thompson & Morgan en Angleterre.