25 mai 2010

La « méthode Jean Pain » est un système ingénieux de production d’énergie thermique et d’engrais à partir de la décomposition de compost de broussailles élaboré à la fin des années soixante par Jean Pain, un autodidacte installé dans le Var.  Cette méthode est décrite dans un ouvrage co-écrit avec sa femme Ida et paru en 1973 (Les méthodes Jean Pain ou « Un Autre Jardin »).  Mais c’est surtout à la suite d’un article paru dans le Reader’s Digest en 1981 (30 millions d’exemplaires en 12 langues) que la méthode Jean Pain acquiert un renommée internationale.  Malheureusement, Jean Pain décède d’un cancer la même année à l’âge de 51 ans, ce qui a sans aucun doute entravé la diffusion et surtout le perfectionnement de cette méthode qui mérite d’être redécouverte.

Installé dans une région de garrigue propice aux incendies de forêt, Jean Pain s’efforce de débroussailler les sous bois et décide de valoriser les broussailles et branchages récoltés en les compostant.  Dans un premier temps, il fabrique un prototype de broyeur/déchiqueteur dans le but de produire un « broyat » homogène de fins copeaux.  Suite à un arrosage copieux pour activer l’activité microbienne, un tas de broyat retourné plusieurs fois se transforme au bout de 9 mois en compost très riche.  Jean Pain expérimente cette technique en utilisant le compost ainsi produit dans son jardin potager avec des résultats souvent spectaculaires.  Remarquant que le processus de décomposition du compost dégageait une quantité de chaleur non négligeable, Jean Pain consacre ensuite plusieurs années à perfectionner un système de production d’énergie thermique à partir de ce même compost et capable d’alimenter la totalité des besoins d’une maison particulière en eau chaude, chauffage, gaz et électricité.

Le schéma suivant décrit le fonctionnement de cette mini « centrale bio-thermo-électrique » :

Au centre du dispositif se trouve une cuve d’acier hermétique de 4 mètre cubes remplie au trois quarts de broyats en cours de fermentation et macérant dans l’eau.  C’est le processus de fermentation qui va produire environ 500 m3 de méthane dans les trois premiers mois. Une fois filtré, le bio-gaz produit alimente deux fours, une gazinière ainsi qu’un petit générateur électrique. On déroule aussi environ 200 mètres de tuyauterie autour de la cuve tout en la recouvrant d’environ 40 à 50 tonnes de broyat arrosé copieusement.  Le « gâteau cylindrique » de 3 mètres de haut et 6 mètres de diamètre qui en résulte va produire de la chaleur en fermentant.  Raccordé à un puits, l’eau entre froide dans le système et en ressort à une température de 60 degrés à un débit de 4 litres par minute.  Cette mini centrale est capable de produire de l’énergie pendant environ 18 mois, à l’issue desquels le système doit être démantelé puis reconstruit avec un nouveau broyat.  Elle fournit également un excellent engrais naturel et équilibré sous forme d’humus qui peut être utilisé dans le jardin potager.  Il faut compter environ 1ha de forêt pour récolter les 40 tonnes de branchages et de broussailles nécessaires à la confection du tas de compost.

A part le livre et l’article de Reader’s Digest datant de 1981, il existe finalement très peu de documentation sur ce système unique, mais des amateurs enthousiastes dans le monde entier continuent encore aujourd’hui à expérimenter les méthodes Jean Pain.  Voir également l’article récent sur «la cabane chauffée au compost ».

Quelques ressources sur les méthodes Jean Pain:

  • Le Comité Jean Pain en Belgique continue de promouvoir les méthodes Jean Pain et propose un certain nombre de stages.
  • Ce court documentaire d’époque réalisé par une équipe de télévision allemande montre Jean Pain expliquer ses méthodes et la construction d’une « centrale » thermique à base de compost de broussailles (sous-titré en anglais).
  • Le livre « les méthodes Jean Pain ou un autre jardin » est indisponible depuis longtemps.  On peut toutefois obtenir des exemplaires photocopiés pour €15 auprès du comité Jean Pain ou en fichier .pdf téléchargeable pour la même somme.