1 décembre 2008

BRASILIA, 1 déc 2008 (AFP). Le gouvernement brésilien a annoncé lundi un plan national sur les changements climatiques dans lequel il se fixe comme objectif, pour la première fois, de réduire de 70% la déforestation d'ici à 2018.

Le Brésil est considéré comme le quatrième principal émetteur de gaz à effet de serre et la déforestation représente 75% de ces émissions.

C'est la première fois que les autorités du Brésil, qui possède la plus grande forêt tropicale du monde, surnommée le "poumon de la planète", acceptent de se fixer des objectifs précis de réduction des déboisements.

Des organisations de défense de l'environnement se sont félicitées de cet engagement chiffré mais ont estimé qu'il était encore loin de répondre au défi de la déforestation.

Le plan a été annoncé lundi lors d'une cérémonie en présence du président Luiz Inacio Lula da Silva. Il sera présenté par le ministre de l'Environnement Carlos Minc à la conférence de l'ONU sur le changement climatique à Poznan, en Pologne, qui s'est ouverte lundi.

"Avec la seule réduction de la déforestation en Amazonie, le plan prévoit que 4,8 milliards de tonnes de C02 en moins seront émises d'ici à 2018 (dans l'atmosphère), ce qui est supérieur aux efforts annoncés par tous les pays riches", a affirmé M. Minc à la presse.

M. Minc a annoncé que le Brésil avait l'intention par le biais de ce plan d'"augmenter le nombre de contribuables au Fonds pour l'Amazonie" créé par Lula en août dernier et destiné à recevoir des dons du monde entier pour lutter contre la déforestation. En septembre dernier, la Norvège a fait don d'un milliard de dollars à ce fonds.

L'engagement pris par le gouvernement brésilien équivaut à réduire de 70% les déboisements en Amazonie -- sur la base de la moyenne de déforestation des années allant de 1996 à 2005 --, progressivement sur des durées de quatre ans.

La moyenne avait été de 19.500 km2 de jungle détruite chaque année, mais dans les faits, comme la déforestation actuelle est de 12.000 km2, cela équivaudra à diminuer de 50% les déboisements.

De 2004 à 2007, le Brésil a réduit de 59% la déforestation après un pic historique en 2004 de 27.000 km2 de forêt détruite.

Les ONG se sont montrées prudentes, considérant que le gouvernement aurait pu partir d'une moyenne inférieure de déforestation pour garantir des résultats plus immédiats.

"Mieux vaut tard que jamais", a déclaré le directeur des Amis de la Terre, Roberto Smeraldi. Mais il a estimé que ce plan était encore "loin de répondre à la taille du défi" qu'exige la lutte contre la déforestation.

"C'est une proposition timide qui ne donne pas au Brésil une position de leader et j'espère qu'on le dira à Poznan", a estimé le spécialiste de l'environnement à la radio CBN, Sergio Abranches.

Néanmoins, un scientifique de l'Institut des recherches spatiales (INPE) -- un institut qui surveille les progrès de la déforestation --, José Marengo, a estimé qu'il s'agissait d'un progrès car "désormais nous parlons au moins d'objectifs" à respecter alors qu'avant le gouvernement du Brésil ne reconnaissait pas sa responsabilité dans les émissions de C02.

D'après M. Marengo, si la déforestation se maintient au rythme actuel, "à partir de 2040 la végétation amazonienne pourrait devenir une sorte de savane qui n'arrivera plus à absorber le C02 mais en sera un émetteur".