3 octobre 2008

BRUXELLES, 3 oct 2008 (AFP). Le plan d'action européen contre le réchauffement du climat est miné par les pressions des industriels et la présidence française de l'UE n'est "pas à la hauteur" des ambitions affichées, a déploré vendredi le Fonds Mondial pour la Nature (WWF).

"Tout est négocié à la baisse. Ce qui est en train de se passer va dans la mauvaise direction", a accusé Daria Villagrasa, responsable du programme Energie du WWF lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

L'organisation dénonce à la fois la tournure prise par les négociations entre les 27 pays membres sur la mise en oeuvre détaillée du plan, et "les manoeuvres menées au Parlement européen par les élus allemands, conservateurs et socialistes, qui cherchent à tout retarder".

"La présidence française de l'UE est très décevante. (Le président français Nicolas) Sarkozy veut un accord pour la fin de l'année, mais il ne fait rien pour la qualité" du plan, "pour moi, ce n'est pas un vrai meneur", a regretté Mme Villagrasa.

"Le 7 octobre, les membres de la commission Environnement du Parlement européen se prononcent sur trois éléments du paquet climat et énergie (...) et leur vote sera la base des négociations menées à huis clos avec les Etats pour tenter de trouver un accord en décembre", souligne le WWF.

Cet accord constituera la position de l'UE pour les négociations internationales prévues à Copenhague en décembre 2009.

Les trois textes portent sur le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre pour l'industrie (ETS), l'effort à mener par chacun des pays dans les secteurs non industriels et les mesures pour développer le piégeage et le stockage du CO2.

S'y ajoutent deux législations sur les énergies renouvelables et la réduction des émissions polluantes des voitures. L'ensemble doit permettre à l'UE de réduire en 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 20%, de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation et de réaliser 20% d'économies d'énergies.

L'une des mesures clés est la mise aux enchères dès 2013 des permis d'émissions de CO2 actuellement accordés gratuitement à l'industrie lourde: centrales aux charbon, cimenteries, sidérurgie et chimie. Elle devrait rapporter 44 milliards d'euros par an aux budgets des pays européens

Mais les capitaines d'industries soutiennent qu'elle va les affaiblir face à leurs concurrents internationaux.

Ils ont obtenu une première victoire avec une série d'amendements votés par les élus de la Commission Industrie du Parlement, favorables à l'allocation d'une proportion importante de quotas gratuits et le rejet de toute pénalité pour contraindre les pays à atteindre leurs objectifs nationaux.

Ces amendements "minent tout le dispositif", s'est insurgée Delia Villagrassa. "Il est crucial que la commission Environnement ignore ces votes et renforce le dispositif", plaide le WWF.