2 juin 2008

PARIS, 2 juin 2008 (AFP). Total prévoit que la production de pétrole dans le monde se stabilisera avant 2020, atteignant alors un "plateau" de 100 millions de barils par jour (mbj), pour des raisons essentiellement géopolitiques, a indiqué lundi le groupe pétrolier français.

Cette estimation comprend la production de pétrole brut, qui va se stabiliser à 95 millions de barils par jour avant 2020, ainsi que 2 mbj issus des "gains de raffinage" et de transformation de gaz ou de charbon en liquides, et 3 millions de mbj de biocarburants, a expliqué le directeur "stratégie et intelligence économique" du groupe, Jean-Jacques Mosconi, lors d'un séminaire de presse.

Les prévisions de Total sont plus pessimistes que celles de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui table sur 103 mbj en 2030 voire 116 mbj, contre 87 mbj aujourd'hui. L'AIE intègre aussi la production de biocarburants dans ces prévisions.

"C'est difficile de parler de pic de production, c'est un plateau qui se profile" au-delà de 2020, a précisé M. Mosconi.

Mais "il va falloir faire beaucoup beaucoup d'efforts car ces chiffres intègrent des productions qui n'existent pas encore" pour des raisons "géopolitiques", a prévenu le patron de Total, Christophe de Margerie.

L'AIE préparerait un rapport pour novembre, selon le Wall Street Journal, dans lequel elle prévoierait une production dépassant à peine les 100 mbj, par manque d'investissements dans le secteur.

La production va se stabiliser en raison de "contraintes de nature géologique, et de nature géopolitiques, subies comme au Nigeria, ou pilotées comme en Arabie saoudite", a expliqué M. Mosconi.

Côté réserves, selon Total, le monde dispose de 1.000 milliards de barils de réserves connues pas encore exploitées, de 200 milliards de réserves à découvrir, et de 300 milliards de réserves issues d'une amélioration du taux de récupération. En outre, le monde disposerait de 600 milliards de barils de réserves d'huiles lourdes.

"Il n'y a donc pas un problème de réserves mais un problème de capacités de production, qui sous-tend le prix élevé du pétrole", a estimé M. Mosconi.

Côté demande, Total estime qu'elle va croître de 1,2% par an entre 2005 et 2030, tirée par les pays émergents, et qu'elle "sera contrainte par l'offre", si bien qu'il sera "nécessaire de faire des économies d'énergie".